News 28/03/2019

“Artistes !” : une collection de courts métrages présentée par l’Adami

L’Adami s’est pour la seconde année consécutive associée à l’Université Paris I Panthéon Sorbonne et son master en scénario, réalisation et production dans un partenariat de création interrogeant la place de l’artiste dans la société.

Pour la deuxième année consécutive, l'Adami a noué un partenariat avec la société de production Everybody on Deck pour présenter une collection de films documentaires, soutenue par le Festival Premiers plans d'Angers et France 3. Initiée par les étudiants du Master professionnel scénario, réalisation et production de l'Université Paris I Panthéon Sorbonne, la collection Artistes ! rassemble une université, une maison de production, un diffuseur et un festival dans un même processus de création. Parmi la vingtaine d'étudiants du master, six d’entre eux ont été sélectionnés pour réaliser un court métrage interrogeant la place des artistes et leur devenir dans la société telle qu'elle est aujourd'hui. Les films, d'une durée de 10 minutes chacun, ont été réalisés dans des conditions professionnelles.

Lors de la 1ère édition, les étudiants s’étaient penchés sur la thématique des modèles alternatifs existants autour des artistes. Cette deuxième saison est plus particulièrement consacrée aux lieux et espaces physiques, virtuels ou imaginaires, qui accueillent les artistes-interprètes. Les différentes contributions ont été projetées lors de la 31e édition du Festival Premiers plans d’Angers, au Forum des images dans le cadre d'une soirée du cycle 100% doc, “Un autre regard sur le monde”, puis sur France 3 dans l'émission Libre court.


 12 kilos d'éclailles                                         Casa conveniente

Parmi eux se détache la contribution de Lila Toupart avec 12kg d’écailles, un documentaire qui met en scène deux réalités : celle de Claire, une jeune artiste interprète qui travaille sans relâche, et celle d'une sirène qui renaît chaque jour dans sa peau. Filmé à travers de superbes plans sous l'eau, le métier de Claire est dévoilé sous plusieurs facettes. D'une part, celle d'une réelle exigence du corps et de l'esprit, incarnée lors de ses entraînements d'apnée qui demandent une rigueur mentale et physique sans faille. D'autre part, celle du spectacle, animé par l'imaginaire féérique et mythologique qui poursuit la figure de la sirène, en faisant rêver les enfants ou en divertissant un groupe de fêtards en boîte. La machinerie est cependant exposée : la réalisation minutieuse des écailles de la queue, l'enfilage éprouvant de son costume massif, sans oublier le sourire à arborer pendant le show. Une voix off accompagne le spectateur dans le journal intime de son quotidien, balancé entre sa passion et les exigences de son art.

L'histoire du film Casa conveniente de Barbara Balestas Kazazian se construit au Portugal. On découvre une femme déterminée, Monica Calle, qui se bat pour le quartier délabré “Zona J”, situé aux marges de Lisbonne. Par élan de solidarité et face au désoeuvrement des habitants dû à la pauvreté, elle installe un nouveau lieu de création. Elle le définit comme un lieu de joie, de résistance, de fraternité et de reconnexion des uns aux autres qui peut sauver l'âme du quartier. Avec les habitants, elle monte des spectacles qui donneront lieu à des représentations. La force puisée dans chacun se révèle incroyable et une transformation émane, en particulier chez les femmes, qui regagnent une confiance et une légitimité à s'exprimer. Cette utopie tient à rester debout, or la fin du documentaire informe que la subvention versée au lieu n'est plus maintenue, et que sans cette aide, il risque de fermer ses portes. Cependant, le dernier plan suggère que cette activité n'est pas vaine, mais au contraire résonne au-delà des murs de la ville. 

En ce qui concerne les autres films, on relèvera volontiers le documentaire Si loin de Kaboul, réalisé par Joël Anjos, qui met en scène une actrice d'Afghanistan, menacée de mort suite à des photographies où elle ne porte pas de voile. Réfugiée en France, elle cherche à se reconstruire après 15 ans de carrière réduits au néant et le mal du pays qui la poursuit malgré sa liberté nouvellement gagnée. Le film de Marek Pawlikwoski, Le rugissement des banlieues, permet de retrouver le jeune acteur révélé dans Guy Moquet de Demis Herenger, Teddy Lukunku. Son parcours est exposé grâce à Marek, un Polonais installé à Grenoble, pour devenir cinéaste. Ils ont le sentiment d'être les seuls intéressés par le cinéma dans la banlieue, portés par une association de quartier par laquelle le jeune homme a fait ses preuves.

Le fil rouge entre tous ces films, c'est le sujet lié à l'artiste, son statut et son action, avec toutes les complexités et les combats auxquels il faut se confronter. 

Léa Drevon

Lire aussi à ce sujet l'article sur la première saison de la collection, en 2018, ici.