Extrait
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Les enfants de Bohème

Judith Chemla

2021 - 21 minutes

France - Fiction

Production : Chadoz Films

synopsis

Idi et Rita vivent chez leur grand-mère, Manie. Idi essaye de conserver les souvenirs qu’ils ont de leur mère, en dessinant sur son cahier d’école. Par la force de leur désir, les enfants gardent le lien qu’ils ont à leur drôle de maman, malgré la séparation.

Judith Chemla

Née en 1983 à Gentilly (Val-de-Marne), Judith Chemla a appris le violon à l'âge de sept ans et découvert au lycée son attirance pour le théâtre. 

Elle a suivi des cours au Conservatoire du Ve, au Conservatoire départemental de Bourg-la-Reine et au Conservatoire national, qui lui ouvre les portes de la Comédie-française, dont elle est pensionnaire entre 2007 et 2009, y jouant notamment “Le Misanthrope” de Molière – elle y tient le rôle de Célimène – et “L'illusion comique” de Corneille.

Elle fait alors ses débuts au cinéma, étant remarquée dans un petit rôle de Versailles de Pierre Schoeller (2008). En 2012, la comédie Camille redouble de Noméie Lvovsky lui apporte un beau succès, avec une nomination au César de la meilleure actrice dans un second rôle et le titre de meilleur espoir féminin aux Prix Lumières en 2013.

Elle trouve l'un de ses plus beaux rôles dans Ce sentiment de l'été de Mikhaël Hers en 2016, tandis que Stéphane Brizé, la même année, lui permet d'incarner le personnage principal de son adaptation du roman de Guy de Maupassant Une vie. Judith Chemla se voit ainsi nommée au César de la meilleure actrice en 2017.

À l'affiche alors du beau succès public du duo Nakache-Toledano Le sens de la fête, elle mène en parallèle une carrière régulière sur les planches et apparaît dans de nombreux courts métrages, comme La fenêtre d’Anne-Sophie Rouvillois en 2009, Les pseudonymes de Nicolas Engel en 2011, Maman de Victoria Musiedlak et Guillaume à la dérive de Sylvain Dieuaide en 2016 ou encore De longs discours dans vos cheveux d’Alexandre Steiger en 2019.

Elle passe à la réalisation elle-même avec Les enfants de Bohème, coécrit avec Élise Benroubi et où elle partage la tête d'affiche avec, entre autres, sa fille Gloria Manca. Le film est présenté notamment à Paris Courts devant, à La Roche-sur-Yon et au Festival Music & Cinema de Marseille.

En 2023, Judith Chemla a été à nouveau nommée au César de la meilleure actrice dans un second rôle, pour Le sixième enfant de Léopold Legrand.

Critique

La bohème, ça ne veut plus rien dire du tout... Aznavour affirmait qu’elle appartenait à une époque révolue, mais pour Judith Chemla, elle continue d’exister, pour le meilleur et pour le pire. Les enfants de Bohème, court métrage d’une vingtaine de minutes, met en scène Idi, Rita et leur maman, qui tente de leur apprendre à apprécier la musique.

Les premières minutes nous entraînent dans une scène de quotidien légère et douce. Les couleurs tirent sur le pastel, la très faible profondeur de champ crée comme un voile autour des visages. Le décor s’oublie tant et si bien que l’on peut aisément imaginer les personnages sur un nuage. Même lorsqu’ils parlent fort, leurs voix se perdent et laissent place à la musique. Pourtant, l’air joué à l’accordéon est le seul élément perturbateur de cette séquence d’ouverture. Les première notes de “L’amour est un oiseau rebelle” teinte d’inquiétude le quotidien parfait, nous laisse un goût amer, comme si peut-être tout ceci n’existait pas.

Pour cause, nous comprenons très vite qu’il s’agit en réalité de souvenirs. Une caméra beaucoup plus fixe et des images grisâtres peignent des séquences d’un tout autre quotidien. Dans un appartement banal où ils vivent avec leur grand-mère, les deux enfants se disputent, la petite Rita pleure. Chacun à sa manière, ils se souviennent. Idi dessine et Rita se concentre pour entendre le petit violon que leur mère imagine parfois avec eux, quand elle n’est pas trop malade.

Sa condition est révélée dans une séquence haute en couleur, de manière tout à fait délicate. Elle se présente avec ses deux enfants à l’opéra pour une audition. Lorsqu’on refuse de la recevoir, au lieu de partir, elle se met à chanter et danser. Elle porte une tenue improbable où se mélangent paillettes, couleurs, matières et motifs. Sa voix s’élève et résonne dans le bâtiment. Pour les guichetiers, elle devient une folle qu’il faut sortir ; pour ses enfants, elle est un être supérieur, “une sorcière” selon Rita impressionnée. Plus que le goût pour la musique, c’est l’appréciation de l’instant présent que cette mère transmet. Même sans elle, ses enfants tâcheront toujours de se rappeler la beauté d’un peu d’irrévérence et la nécessité de préserver son orchestre intérieur.

Anne-Capucine Blot

Réalisation : Judith Chemla. Scénario : Judith Chemla et Elise Benroubi. Image : Arnaud Alberola. Montage : François Quiqueré. Son : Cédric Berger, Alexis Meynet et Olivier Guillaume. Musique originale : Florent Hubert. Interprétation : Ilion Thierrée, Gloria Manca, Yolande Moreau et Judith Chemla. Production : Chadoz Films.

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