En salles 01/08/2019

“Je promets d’être sage”, premier long métrage de Ronan Le Page

Cette sortie du 14 août est à suivre, d’autant que l’un des courts métrages de Ronan Le Page, “Le métier qui rentre”, sera à voir sur notre site à la rentrée.

Ce premier long métrage résulte, de l’aveu même de son réalisateur, de son immense frustration d’avoir vu un projet précédent échouer après l’avoir mobilisé durant plusieurs années, lui donnant la tentation de tout plaquer, puis l'envie d’exorciser ce trauma en écrivant une comédie.

 

 

 

 

 

 

 

 

Cette infortune explique par conséquent la distance temporelle séparant Je promets d’être sage (produit par Easy Tiger) du dernier court métrage en date réalisé par Le Page, Le métier qui rentre, en 2006. Une bonne douzaine d’années s’est écoulée et le personnage principal de cette histoire n’est plus un adolescent ou un jeune homme, comme dans les trois courts métrages qu’enchaîna alors le réalisateur sous l’étendard de TS Productions (Au noir et Le fils du caméléon avant Le métier qui rentre, donc), mais un homme mûr, artiste s’étant brûlé les ailes et faisant le choix d’une radicale reconversion. Jouée par Pio Marmaï, cette figure d’échec non digéré compose avec une certaine solitude, que pose aussi le poste de gardien de musée qu’il choisit, avec sa dimension supplémentaire d’immobilisme et d’attente. Être, ou du moins se sentir seul, c’est aussi une constante de ces présences masculines : l’étudiant du Fils du caméléon venu réviser en reclus dans la maison familiale du bord de mer voyait arriver avec une certaine hostilité sa sœur et un ami de celle-ci ; le jeune fils de la gérante du camping du Métier qui rentre saisissait l'occasion de sortir de son ennui estival en se liant à un pickpocket, pourtant père de famille, pour visiter les bungalows des plaisanciers.

 

 

 

 

 

 

 

 

La limite de la légalité, c’est aussi une zone qui est franchie par le Franck de Je promets d’être sage après sa rencontre avec une collègue d’abord caractérielle et acariâtre, incarnée par Léa Drucker, pour une inflexion de tonalité du film vers la comédie policière – à la manière de la première période d’un Pierre Salvadori, une référence assumée – et un motif de duo d’arnaqueurs (et potentiellement “arnacœurs”…).

Le temps ayant différé, bien malgré lui, le passage de Ronan Le Page au long métrage, le registre plus grave qui s’exprimait avec Au noir semble lointain, mais on veut se souvenir aussi de la délicatesse dont il faisait preuve pour dépeindre la relation complexe d’une grand-mère et de son petit-fils venu effectuer des travaux de réfection dans sa maison. Peut-être cette veine resurgira-t-elle un jour dans la filmographie à venir de Le Page, à qui l'on souhaite d’avoir la possibilité d’embrayer plus vite, cette fois, sur son projet suivant.

Christophe Chauville


Filmographie courts métrages

Au noir (2002, 25 minutes)
Le fils du caméléon (2004, 27 minutes)
Le métier qui rentre (2006, 24 minutes)

 

À lire aussi :

- Jusqu'à la garde de Xavier Legrand, avec Léa Drucker.