Extrait
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Mr Hublot

Alexandre Espigares, Laurent Witz

2013 - 12 minutes

Luxembourg, France - Animation

Production : Watt Frame, ARTE France et Zeilt Productions

synopsis

Bourré de tocs et de manies, replié sur lui-même et terrorisé par le monde extérieur, Mr Hublot déteste le changement et les imprévus. L’arrivée du chien Robot Pet va chambouler ses habitudes et le voilà contraint de cohabiter avec un nouveau compagnon très envahissant.

Alexandre Espigares

Né en 1977, Alexandre Espigares est un réalisateur hispano-luxembourgeois, formé au Lycée technique des Arts et métiers de Luwembourg et qui a cosigné avec Laurent Witz Mr Hublot, lauréat de l'Oscar 2014 du meilleur court métrage d'animation à Hollywood après avoir remporté plus d'une trentaine de prix dans les festivals à l'échelle internationale.

Il a ensuite réalisé un long métrage, Croc-blanc (2016), adapté de l'œuvre de Jack London. Le film, présenté au Festival d'Annecy, a été distribué en France par Wild Bunch au printemps 2018.

Basé en Allemagne, à Francfort, il a aussi travaillé comme animateur sur des jeux vidéo et comme technicien 3D sur de nombreux films d'animation de tous formats (Le roman de Renart de Thierry Schiel en 2003, Fly me to the Moon de Ben Stassen en 2007…) et même des longs métrages de fiction (Iron Man 3, Bleu saphir, Vert émeraude…)

Laurent Witz

Producteur et réalisateur français, Laurent Witz est né le 21 novembre 1975 à Haguenau (Bas-Rhin) et a étudié aux Beaux-Arts de Metz au milieu des années 1990 tout en apprenant l'animation 3D en autodidacte.

En 2007, il fonde sa société d’animation, Zeilt Productions, au Luxembourg et travaille sur des coproductions associant le Grand Duché et la France. Parmi elles, Mr Hublot – cosigné avec Alexandre Espigares – est en 2014 un succès planétaire, décrochant plus de trente prix dans les festivals sur tous les continents et l'Oscar 2014 du meilleur court métrage d'animation à Hollywood. 

Son parcours se poursuit avec un autre film d'animation, Long Live New York (2014), en faveur de la sensibilisation au don d'organes, et Cogs (2017), pour le compte de l'organisation caritative AIME, dont l'objectif est de réduire les inégalités, en particulier dans le secteur de l'éducation.

Il réalise en 2018 une série animée de 52 épisodes intitulée Barabador tout en poursuivant son activité de producteur, notamment sur les courts métrages Quenottes de Gil Pinheiro et Pascal Thiebaux (2016), Bright de Camille Haumont (2021) et L'ogre d'Aurélien Pila (2022).

Critique

Tout va toujours très vite dans le monde du cinéma d’animation et les films sont souvent assez aisément identifiables à leur époque de production, même si la 3D tient généralement le choc du passage du temps.

Ce qui associe au milieu des années 2010 Mr Hublot, œuvre franco-luxembourgeoise qui connut alors un fabuleux destin, jusqu’à recevoir un Oscar à Hollywood, c’est sans doute d’abord son cadre, celui d’une ville, rétro-futuriste et industriel à la fois, dans la grande tradition ouverte il y a presque un siècle par Metropolis. D’autres œuvres d’animation s’y étaient aventurées depuis les débuts de la révolution digitale (on pense à certaines séquences de La dernière minute de Nicolas Salis, en 2004), mais Mr Hublot aura sans doute porté au plus haut point le génie de la “french touch” en la matière. Le récit s’appuie ainsi sur ses décors proprement inouïs, ceux de la mégalopole où vit son personnage éponyme, digne d’un blockbuster né au sein des grands studios.

Ce anti-héros mène là une existence de quasi-reclus, livré à ses TOC et maniaqueries du quotidien, jusqu’à ce qu’il ose sortir de chez lui et se fasse enfin un ami, à travers un Robot Pet sans collier. Ce dernier, à la canine mécanique, donc, grossit bientôt à vue d’œil, ce qui constitue le nœud même de la narration, pour laquelle le talent des auteurs aura été de donner un supplément d’âme et d’humanité – sans s’exempter de touches d’humour – à leur personnage, sur ce motif imparable de l’histoire du cinéma : “un homme et son chien”.

Le spectateur éprouve rapidement de l’empathie pour Mr Hublot, directement inspiré d’une création du sculpteur belge Stéphane Halleux (une statuette en matériaux de récupération !), et la métaphore inusable de la solitude urbaine prend un angle poétique sensiblement inhabituel. Une belle bande son – et musicale – acheva de séduire des publics de tous âges.

L’un des deux coréalisateurs, Alexandre Espigares aura enchaîné avec un long métrage signé en solo et adapté d’un classique de Jack London, Croc blanc (sorti en 2018), tandis que l’autre, Laurent Witz, se sera fait assez discret, produisant quelques autres courts, dont Quenottes en 2016. De quoi laisser penser aussi que recevoir un Oscar dans cette catégorie n’offre pas forcément le marchepied supposé ?

Christophe Chauville

Réalisation : Alexandre Espigares et Laurent Witz. Scénario : Laurent Witz. Image : Pascal Thiébaux, Éric Toubal, Stéphane Halleux et Sam-Ouen Yin. Animation : Mickaël Coëdel. Montage : Jean-Christophe Craps. Son : Matthieu Michaux, Marcu Gueroult, Jacques Andries, Nick Rollinger et Ralph Popov. Musique originale : François Rousselot. Production : Watt Frame, Arte France et Zeilt Productions.