DVD 12/04/2019

"Reine d’un été", de Joya Thome, en DVD

L’édition DVD de “Reine d’un été” nous permet de revenir sur cette belle découverte destinée au jeune public, à partir de 8 ans.

Pour son premier long métrage, la réalisatrice allemande Joya Thome propose, le temps d’un été, de poser un regard sur la période fugace et délicate qu’est la préadolescence. Son scénario a été pensé autour de l'interprète principale, Lisa Moell, qui endosse le rôle de Léa – une jeune fille de 10 ans, plus tout à fait fillette, ni encore adolescente. Accompagnée d’un mutisme caractéristique de son âge, elle évolue entre le monde encore lointain des adultes, et celui de l’enfance, dans lequel elle ne trouve plus pleinement sa place. Elle profite des longues journées estivales qui rythment ses vacances pour partir en exploration dans la campagne de Niendorf, lieu inspiré par les souvenirs de la réalisatrice. Affichant une moue impassible et des cheveux au vent, elle parcourt le village à bicyclette en rendant visite à Mark, un musicien marginal qui prend des bains en plein air, demeurant néanmoins le seul adulte auquel Léa accorde sa confiance. 

                           

Les aventures commencent lorsqu’elle croise la route d’un groupe de garçons réunis en bande, qui a toute l’allure d’une organisation secrète, régie par des règles strictes dont les parents restent tenus à l’écart. Afin d’y être intégrée, Léa va devoir relever plusieurs défis, tel un rite de passage, pour prouver son courage. Sa première mission d’espionnage se solde d’une découverte qu’elle va taire : la correspondance intime, cachée de tous, qu’entretient le plombier du village avec un autre homme — personnage qui, tout au long du film, démontre une rigueur exacerbée lors des entraînements “à la dure” qu’il inflige à ses fils. Quitte à outrepasser la transparence exigée par la bande, Léa prend le parti des personnages atypiques et marginaux, en se reposant sur un accord mutuel qui se passe d'explications. Au gré des épreuves, les enfants vont peu à peu abandonner une certaine légèreté au profit de sujets plus sérieux. L’effet de groupe se resserre, avec une hiérarchie qui démarque la parole du chef de celle des autres, qui ne disent mot quand bien même le jeu va trop loin – comme lorsque Léa doit se placer entre les rails pendant le passage d’un train.

                           

Grâce à la concordance du casting et à l'agilité de la direction d’acteurs, l’authenticité du jeu des enfants est préservée des raccourcis infantilisants. Il s’en dégage une atmosphère grave et mélancolique, aimantée par le charisme de la jeune comédienne en herbe. Ce moment éphémère, au seuil de l’adolescence, représente la transition souvent opérée pendant les vacances d’été, où les enfants grandissent et se retrouvent changés à la rentrée suivante, désormais avertis de la nouvelle complexité du monde.

                                                                                                                                                                                       Léa Drevon


Reine d'un été, de Joya Thome, DVD, Les Films du Préau, 15 euros.
Disponible depuis le 2 avril 2019.

 


Joya Thome, née en 1990 à Berlin, a débuté très jeune au cinéma dans les films de son père, Rudolf Thome. Après son baccalauréat en 2009, elle a commencé à faire ses propres courts métrages, sélectionnés dans de nombreux festivals. En dehors de son travail de réalisatrice, elle a étudié la science de l'éducation à l'université Humboldt de Berlin. Lors d'un séjour à New York, elle a suivi des cours de cinéma au sein de la TISCH School of the Arts.

Köningen von Niendorf / Reine d'un été, 2017, 67 min.
Love, Yesterday, 2014, 18 min.
Geschwister, 2012, 8 min.
Hätte der mond auch schokolade geweint ?, documentaire, 2010, 24 min.