En salles 12/04/2024

Le “Naméssime” : kézaco ?

C’est l’une des sorties de la semaine les plus modestes en termes de combinaison de salles, mais il vaut le coup de découvrir ce curieux objet filmique, mise en abyme très drôle du geste filmique. Son réalisateur, Xavier Bélony Mussel, a par le passé réalisé plusieurs courts métrages, dont l’un est proposé ici en complément de programme.

Le Naméssime n’est sorti ce mercredi que sur trois copies, mais on peut le voir chaque jour à Paris, au Saint-André des Arts, à la séance de 13h. Derrière ce titre d’évidence énigmatique, on retrouve un anagramme improbable et facétieux du mot “cinéma” et il en est question à plusieurs niveaux dans cette œuvre buissonnière sortant des sentiers battus. D’abord, il s’agit du récit d’un tournage. À la campagne et avec un budget très low. Une petite équipe rejoint sur place le réalisateur, qui n’a pas de scénario et entend faire un film – très personnel – sur la base de hasards et en s’ouvrant à ceux-ci à travers des séances de méditation collective !

Beaucoup d’humour et d’autodérision imprègnent la démarche, Xavier Bélony Mussel incarnant lui-même ce cinéaste un poil illuminé et sûr de la valeur de son projet – lui-même est d’ailleurs à l’origine un comédien, et un bon, vu dans des courts métrages depuis les années 1990 (citons La prière de l’écolier de Jean-Julien Chervier, 1997). Il se délecte d’évidence de ce personnage “attachiant” s’agitant au centre d’un tournage prêt à partir à vau-l’eau à chaque instant, ou presque. Les séquences où il dirige ses acteurs, qui incarnent un couple de paisibles retraités, sont savoureuses, l’amenant ainsi à s’extasier du moindre geste ou d’une réplique lambda à la “passe-moi le sel”…

Sur le motif des interférences ente la “vraie vie” et le cinéma, son court métrage Le carnet de santé, qui date de 2017, creusait déjà le sillon, mettant en scène un acteur gérant son quotidien de père divorcé, entre deux recherches de castings, et ce sont alors ses propres fils qui lui donnaient la réplique. Long et court composent ainsi un programme cohérent, d’un peu moins de 90 minutes, respirant un authentique amour du septième art et que l’on vous invite vivement à découvrir.

Christophe Chauville

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