En salles 02/01/2024

Koban Louzoù, un moyen métrage atypique à voir sur grand écran

Produit par Petit chaos et réalisé par Brieuc Schieb, Koban Louzoù fait partie, avec ses 58 minutes de durée et sur quelques écrans, des sorties en salles du premier mercredi de 2024. Il avait été primé à Entrevues, à Belfort, en 2022 et à Côté court, à Pantin, en 2023.

Après avoir connu sa première au FIFIB, à Bordeaux, en 2022, Koban Louzoù a remporté le très convoité Grand prix André S. Labarthe à Belfort, puis, l’année suivante, le Grand Prix Prospective cinéma à Pantin. Trois lieux-phares du cinéma d’auteur pour une œuvre qui s’y inscrit complètement, réalisée en toute liberté par Brieuc Schieb sous l’auvent bienveillant de Petit chaos, label par ailleurs producteur des deux derniers films de Pablo Dury, entre autres.

Koban Louzoù porte comme sous-titre et en guise de traduction “La cabale et le remède”, ce qui esquisse le schéma global du film, celui d’une petite communauté isolée à la une campagne, où débarque une très jeune femme, Audrey, afin de fuir la ville, sans doute, en même temps que certains aléas de la vie, sinon des douleurs qui resteront tues, seulement effleurées par instant, peut-être… Sur place, elle rejoint un quatuor qu’elle ne connaît pas encore, dominé par la présence d’un “chef” qui tente de donner corps à une utopie, Aymeric, incarné – avec aisance – par le cinéaste Virgil Vernier. 

Qui dit chef dit ordre et une place ou un statut à conserver, ce qui montre la limite du rêve égalitariste et du désir de s’affranchir de toutes les contingences du monde post-moderne occidental et de son modèle supposé à bout de souffle. Il y a de la drôlerie, parfois de la tendresse, dans la peinture brossée par petites touches par le réalisateur (voir l’épouvantail goguenard qui semble observer le quotidien du groupe), avec pas mal d’impro et une écriture forcément collective qui en dit beaucoup sur les rêves de celles et ceux qui se mettent à l’écart de la marche infernale des choses, pour ralentir, décroître, espérer. Et se reposer, aussi, car cette retraite est parfois dictée par un drame précis (par exemple un viol pour Kathleen).

S’installer dans une cabane reculée pour trouver le remède, le programme est en tout cas séduisant et ce moyen métrage tutoyant l’heure de projection n’usurpe pas son droit d’accès, sous l’impulsion de ses producteurs eux-mêmes, à quelques salles obscures, en l’occurence le Grand Action et L’Archipel à Paris, ainsi que le Méliès de Montreuil.

Christophe Chauville

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