Extrait
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Marée basse

Romain André

2022 - 23 minutes

France - Fiction

Production : Mona Films

synopsis

Pour remonter le moral de Mélanie, son amie Lou l’emmène en week-end dans un fort maritime coupé du monde. Mais Mélanie s’enlise dans son marasme et les petits secrets de Lou n’arrangent rien. Jusqu’à l’apparition matinale d’un être énigmatique qui fait poindre le fantastique dans l’ordinaire de Mélanie.

Romain André

Né en 1981, Romain André a étudié le cinéma à l'université Paris 7 et la réalisation documentaire à Lussas, en Ardèche. Après un premier film documentaire à partir de photographies argentiques, Notes sur le système de transport de la ville de Mexico, il participe à la réalisation d’œuvres collectives, notamment au sein du collectif Boris-Barnet.

En 2018, il réalise un court métrage, A priori sauvage, qui mêle la fiction avec des prises de vue documentaires – de fouines sauvages ! Il se consacre ensuite à la fiction et enchaîne Marée basse (2022) et Élancourt Mambo (2023). Les deux films sont primés au Festival Silhouette, à Paris : Prix de la meilleure photographie pour un film français pour le premier en 2022, Prix du public pour le second en 2023.

Par ailleurs, Romain André encadre des ateliers de programmation et de réalisation pour le compte de L’Agence du court métrage, la Cinémathèque française et Documentaire sur grand écran.

Il est aussi membre du comité de rédaction de la revue Jef Klak et de l'ACID (Agence pour le cinéma indépendant et sa diffusion.

Critique

Mélanie et Lou, chargées de leurs sacs à dos, glacière et papier-toilettes à la main, traversent à marée basse pour rejoindre un fort maritime. Une presqu’île s’étend devant elles, déserte à l’exception de cette grande bâtisse qui domine la mer. Dès le départ, l’aventure démarre à deux vitesses. Le réalisateur s’attache à souligner le contraste entre les deux amies : l’une affiche une débrouillardise manifeste, tandis que l’autre, visiblement accablée par une profonde lassitude due à son travail, se réveille péniblement en serrant sa tasse de café.

L’arrivée de Gwen, le kayakiste, n’arrange rien. En toile de fond, Lou embrasse cette escapade avec l’insouciance et la légèreté propre aux batifolages de vacances. La dynamique du duo vient alors à évoluer, et l’intrigue se déroule progressivement, faisant surgir les tensions latentes entre les deux amies. Cependant, bien que leur enthousiasme diverge, le séjour n’a pas encore révélé tous ses mystères.

Dès les premiers moments passés sur l’ile, Mélanie perçoit une étrange mélodie, hors champ, comme une rêverie lointaine. Son amie Lou, quant à elle, n’entend rien. Isolée sur le fort, le temps semble s’écouler en lente apnée pour Mélanie, qui passe des heures à scruter l’horizon à travers une paire de jumelles. La caméra capture l’immensité des paysages qui s’étendent à perte de vue, consolidant ainsi la sensation d’isolement. Le rythme du film adopte alors une tonalité méditative, ponctué de silences évocateurs, jusqu’à ce qu’un matin, à l’aube, elle l’aperçoit enfin : un homme nu à l’allure presque fantomatique se baigne sous ses yeux. La légende du coin se révèle à elle, celle d’un être énigmatique qui s’évapore en un battement de paupières.

Sa rencontre avec la créature fantastique vient bouleverser la morosité ambiante et perturber sa réalité quotidienne. La force du récit réside précisément dans le fait que la protagoniste, en dépit de son apparence ordinaire, se trouve soudainement confrontée à l’extraordinaire. Le film capte l’essence de la normalité sublimée par l’inattendu, tout en explorant avec subtilité la dualité des personnalités de ses protagonistes, sans jamais ternir leur complicité. Cette rencontre avec le surnaturel finit par insuffler à Mélanie le courage qui lui faisait défaut, l’incitant à prendre une décision radicale : démissionner de son emploi et retourner coûte que coûte sur le fort, profondément transformée.

Léa Drevon

Réalisation : Romain André. Scénario : Irène Camargo de Staal et Romain André. Image : Manuel Bolaños. Montage : Clara Saunier. Son : Mathieu Schricke, Valère Raigneau et Zaki Allal. Musique originale : Raphaël Mouterde. Interprétation : Flora Fischbach, Aude Bibas, Marc-Antoine Vaugeois, Timothée Nay et Marcella Bergeron. Production : Mona Films.

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