Extrait
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Les grandes vacances

Valentine Cadic

2022 - 26 minutes

France - Fiction

Production : Les Filmeuses

synopsis

Blandine passe ses vacances seule dans un petit camping au pied des montagnes. Elle est rapidement envahie par le bruit, la foule et la pluie qu’elle cherchait à fuir le temps d’un été. Au bord du lac, Blandine rencontre Helio un jeune journaliste local.

Valentine Cadic

Née en 1996, Valentine Cadic est réalisatrice et comédienne. On l'a vue ainsi, entre autres, devant la caméra de Léa Mysius dans son court métrage de la Fémis Les oiseaux tonnerre, en 2013, puis dans son premier long, Ava, en 2017.

Valentine Cadic a fréquenté l'école de théâtre Les Enfants terribles et a étudié à l'Université de Paris 8 en L3 Cinéma et en master en réalisation. Elle est également membre fondatrice de l'association Les Filmeuses, créée en 2020.

La même année, elle réalisait son premier court métrage : Omaha Beach. Le film, tourné en Normandie, était alors sélectionné à Brest, à Clermont-Ferrand et à Côté court, à Pantin.

Conçu dans le cadre de la Résidence des 168 heures, dans les Alpes, Les grandes vacances suivait en 2022 et se voyait sélectionné pour concourir au César du court métrage de fiction l'année suivante après avoir circulé dans de nombreuses manifestations (Brest, Clermont-Ferrand, Contis, La Bourboule, Moulins, Sarlat…) et valu à sa comédienne Blandine Madec le Prix d'interprétation féminine à Côté court.

Valentine Cadic achève en 2022 son film de fin d'études, La nuit n'en finit plus, présenté à son tour à Pantin, en compétition Essai/Art vidéo.

On a pu aussi la voir comme actrice dans La vérité d'Hirokazu Kore-eda (2019) et Le bal des folles de Mélanie Laurent (2021).

Critique

Farniente et baignades ensoleillées ne sont pas au programme des Grandes vacances de Valentine Cadic, où les fantasmes estivaux de Blandine se heurtent avec fracas à la réalité. Filmée en plan large, la protagoniste apparaît d’abord perdue parmi les montagnes qui vont bientôt se refermer sur elle à la manière d’un piège étouffant. Alors qu’elle se retrouve sans hébergement, elle est en effet contrainte de séjourner, par un temps pluvieux, dans un camping bondé. La présence des autres est vécue comme une agression, dont témoigne la bande-son, faite de bruits parasites, vacarme assourdissant où les cris se mêlent aux basses répétitives.

Avec sa paire de lunettes de soleil à rabat, son air ahuri et sa démarche hésitante, Blandine apparaît d’emblée comme un corps burlesque dont la maladresse se révèle aussi drôle qu’attachante. L’actrice Blandine Madec excelle dans le comique de geste, que ce soit au supermarché où, faute de masque, elle tente gauchement de recouvrir son visage à l’aide de son pull en pleine période de Covid-19 ou lorsque, à quatre pattes, elle s’extirpe avec difficulté de sa tente. Face à des interlocuteurs hostiles (le gérant peu commode du camping, une ribambelle d’enfants terribles), Blandine bégaie, s’excuse et n’en finit pas de subir les mésaventures. Des plans resserrés sur son visage sérieux et inquiet laissent toutefois entrevoir un mal-être profond, mélange d’épuisement et de solitude.

Il suffit qu’un jeune journaliste local (Helio Pu) lui tende un micro pour que sa souffrance s’exprime, au cours d’une interview virant de manière assez hilarante au déballage intime. Plus tard, celui-ci lui confère une importance inédite à l’héroïne en lui offrant un dessin qu’il a fait d’elle alors qu’elle semble plus généralement passer inaperçue ou être la proie de moqueries. Situés face à face, de part et d’autre d’une ligne centrale invisible, les deux personnages se ressemblent et trouvent l’un chez l’autre douceur et compréhension. Cette rencontre s’avère être le point de départ d’un lâcher prise global où Blandine, non sans l’aide d’un casque anti-bruit, goûte enfin au calme et envisage même de revenir au camping l’été suivant. Saisie de dos, en pleine contemplation, ou bien de face, le visage apaisé, la jeune femme semble alors faire corps avec le paysage.

Chloé Cavillier

Réalisation et scénario : Valentine Cadic. Image : Coline Costes. Montage : Alexis Noël. Son : Louis Beaufort, Dimitri Kharitonnoff. Musique originale : Corentin Billette. Interprétation : Blandine Madec et Helio Pu. Production : Les Filmeuses.

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