Extrait
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Les escargots

René Laloux

1965 - 11 minutes

France - Animation

Production : G Production

synopsis

Un paysan pleure sur ses chétives salades… Celles-ci grandissent démesurément. Les escargots mangent les salades. Eux aussi grandissent en détruisant le paysage. Le calme renaît. Le paysan rescapé pleure sur ses chétives salades. Attention aux lapins !

René Laloux

René Laloux a commencé sa vie d’artiste par la peinture et la sculpture. Il s’est également essayé au métier de marionnettiste en compagnie d’Yves Joly. Mais c’est en 1960 dans une clinique psychiatrique où il travaille en tant que moniteur d’activités artistiques qu’il réalise son premier court métrage, Les dents du singe, inspiré d’histoires écrites par les patients.

Quatre ans plus tard, il travaille sur sa première collaboration avec Roland Topor, Les temps morts, court métrage dont le texte est signé Jacques Sternberg. En 1965, ils perfectionnent leur technique du papier découpé avec Les escargots. En 1973, Laloux sort son premier long métrage, La planète sauvage, Prix spécial du jury à Cannes la même année.

En 1982, il s’associe à Moebius pour réaliser le long métrage Les maîtres du temps. Trois ans plus tard, il réalise avec Philippe Caza le court métrage La prisonnière, puis Comment Wang-Fô fut sauvé en 1987. En 1987, il réalise aussi son dernier long métrage : Gandahar, sur la base des dessins de Caza.

Critique

Les escargots est la deuxième association entre René Laloux et Roland Topor, après Les temps morts (1964), un court métrage inoubliable en forme de cadavre exquis sur les instincts meurtriers, mêlant des documents filmés en prises de vue réelles et des dessins en noir et blanc, sur un texte de l’écrivain belge Jacques Sternberg. Une collaboration qui se poursuivra avec la réalisation du premier long métrage de René Laloux, la grande odyssée extra-terrestre et psychédélique qu’est La planète sauvage (1973).

Dans Les escargots, un paysan semble abattu et désemparé au milieu de ses propres champs déserts : ses salades ne poussent pas. Il tente par tous les moyens de donner vie à ses futures récoltes, sans succès. Et quand il se met à pleurer de désespoir, il s’aperçoit que ses larmes provoquent la pousse rapide d'une laitue. C’est ainsi qu’il collectionne les astuces pour pleurer à nouveau et fonde une entreprise lacrymale qui consiste à arroser de chagrin toutes ses salades, via des lectures tristes, en s’infligeant des douleurs physiques ou en reniflant des oignons. Et quand quelques escargots grignotent soudain ses plants, ils deviennent géants à leur tour. L’invasion commence. 

Le film pose un souci esthétique passionnant : comment montrer la mollesse et la viscosité des escargots avec une technique de papiers découpés et raides ? Il se dégage alors une animation dépouillée qui permet de faire émerger différents genres en très peu de minutes : Les escargots est à la fois un film de panique, de terreur, de course-poursuite, et surtout un film de monstres. Un Godzilla version gastéropode. La lenteur inhérente aux escargots donne ainsi au film son mouvement : une vitesse réduite, une marche lente de créatures géantes qui découpent le monde comme on cisaille du papier. Les maisons, les voitures, les villes, tout y passe. C’est le dessin lui-même qui semble faire table rase, dans ses grands à-plat de beige et de blanc cassé. Et les quelques humains poursuivis y sont superbes, mis en scène comme des poupées ou des androïdes et qui préfigurent déjà ce qui va advenir quelques années plus tard dans La planète sauvage : une forme humaine modifiée, où la chair et le corps deviennent le vecteur d'une rêverie monstrueuse.

Arnaud Hallet

Réalisation : René Laloux. Scénario : René Laloux et Roland Topor. Animation : René Laloux et Jacques Leroux.  Son : Albert Platzmann. Musique originale : Alain Corraguer. Production : G Production.