Extrait
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Deux escargots s’en vont

Jean-Pierre Jeunet, Romain Segaud

2016 - 3 minutes

France - Animation

Production : Tapioca Films

synopsis

Deux escargots s’en vont à l’enterrement d’une feuille morte.

Jean-Pierre Jeunet

Avant de devenir un cinéaste parmi les plus populaires du paysage hexagonal (à travers notamment Le fabuleux destin d’Amélie Poulain en 2001 et Un dimanche de fiançailles en 2004), de surcroît sollicité par Hollywood pour mettre en scène Alien Resurrection en 1997, Jean-Pierre Jeunet, né le 3 septembre 1953 à côté de Roanne, fut l’une des têtes d’affiche du court métrage des années 1980.

Celui qui signa alors le clip de Tombé pour la France pour Étienne Daho mena une collaboration suivie avec Marc Caro sur Le manège (qui reçut un César en 1981) et Le bunker de la dernière rafale, ou, en solo au générique, sur Pas de repos pour Billy Brakko (d’après une BD de Caro…) et surtout Foutaises, véritable “blockbuster” du format dont l’efficacité ne s’est jamais démentie, près de trente ans après sa réalisation et un nouveau César, s’ajoutant en 1991 au Prix du public obtenu au Festival de Clermont-Ferrand.

Son dernier film en date au cinéma est L’extravagant voyage du jeune et prodigieux T. S. Spivet, sorti en 2013. Son vieux complice Dominique Pinon y tenait, une fois encore, un truculent second rôle.

Il est revenu au format court en 2016 à travers l’animation en volumes Deux escargots s’en vont, basé sur un poème de Jacques Prévert, et a livré en février 2022 un film pour Netflix intitulé Big Bug, se situant entre comédie, fantastique et science-fiction.

Il est actuellement en écriture d'un nouveau long métrage pour le cinéma.

Romain Segaud

Né en 1975, Romain Segaud a remporté le Grand prix du Festival Imagina – aujourd'hui disparu – pour Tim Tom (2002),  film d'école de Supinfocom coréalisé avec Christelle Pougeoise. Ce sont alors un certain duo Jean-Pierre Jeunet/Marc caro qui le lui remit !

Segaud a ensuite signé un film d'animation initutlé Bip bip, lié à la chanson éponyme de Joe Dassin. En 2012, il a réalisé les séquences animée d'un épisode de la série Bref de Canal+ : Bref, je suis né. Plus galobalement, il a travaillé sur des génériques animés pour la chaîne cryptée, mais aussi pour TF1 ou France 2 et TF1.

Il est réalisateur au sein du label Passion Pictures et également auteur de bandes dessinées et illustrateur, sous le pseudonyme de Charlie Poppins.

Il a recroisé la route de Jean-Pierre Jeunet en assurant les séquences animées du film Micmacs à tire-larigot, en 2009, puis sur le court métrage d'animation Deux escargots s'en vont en 2016. Il a signé deux ans plus tard les illustrations d'un petit ouvrage du cinéaste publié aux éditions Lettmotif : Je me souviens.... 500 anecdotes de tournage.

 

Critique

Les fidèles de Bref et de la production de courts métrages en général y sont désormais habitués : certain(e)s cinéastes confirmé(e)s y reviennent parfois, ne serait-ce que le temps d’un film. Juste pour le plaisir et la liberté ainsi offerte…

C’est le cas de Jean-Pierre Jeunet, figure de proue du court hexagonal des années 1980 et qui n’avait du reste pas œuvré dans le format depuis le triomphe de Foutaises (1989). Plus d’un quart de siècle après, en 2016, il a éprouvé l’envie d’animer de petites créatures qui lui avaient été inspirées par l’œuvre d’un artiste pour lequel il entretenait une vive admiration, Jephan de Villiers. Faites de bois, de feuilles et de matériaux naturels d’autres acabits, ces créations au cachet artisanal composent un bestiaire insolite et immédiatement sympathique qui prend vie sous nos yeux et se livre à la récitation d’un poème de Jacques Prévert datant de 1945 et appartenant au fameux recueil Paroles : Chanson des escargots qui vont à l’enterrement (parfois également connu comme À l’enterrement d’une feuille morte et dont existèrent des versions musicales interprétées par les Frères Jacques ou Cora Vaucaire).

Les voix de doublages sont, dans cette version animée, assurées par une vingtaine d’acteurs et actrices ayant pour la plupart croisé la route de Jeunet, de Delicatessen au Fabuleux destin d’Amélie Poulain, en passant par Un long dimanche de fiançailles, ou Micmacs à tire-larigot, et l’on peut s’amuser à tenter de les identifier. Dreyfus, Kassovitz, Marielle, Merlin, Pinon, Rouve ou Tautou avaient en tout cas répondu à l’appel.

Mais le principal atout de ce petit film au cachet délibérément bricolé, cosigné par le cinéaste d’animation Romain Segaud, est lié à la beauté du texte et à la singularité de ces “bestioles” plus ou moins exotiques qui le déclament avec conviction, avec quelques fulgurances cocasses. Et des réminiscences de l’enfance, motif privilégié de tout le cinéma de Jeunet, remontent en nous, douces et apaisantes, alors que “là-haut dans le ciel la lune veille sur eux”...

Christophe Chauville

Réalisation : Jean-Pierre Jeunet et Romain Segaud. Scénario : Jean-Pierre Jeunet. Animation : Romain Segaud. Montage : Julien Lecat. Son : Julien Lecat et Vincent Arnardi. Voix : Sarah Bauer, Jean-Pierre Becker, Dominique Bettenfeld, Urbain Cancelier, Clovis Cornillac, Lorànt Deutsch, Jean-Claude Dreyfus, Albert Dupontel, Marina Foïs, Youssef Hajdi, Irène Jacob, Mathieu Kassovitz, Jérôme Kircher, Nicolas Marié, Jean-Pierre Marielle, Laure Marsac, Serge Merlin, Yolande Moreau, Chantal Neuwirth, Patrick Paroux, Claude Perron, Ludovic Pinette, Dominique Pinon, Audrey Tautou, Florence Thomassin et Juliette Wiatr. Musique originale : Raphaël Beau. Production : Tapioca Films.