Extrait
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Armstrong

Inès Loizillon

2019 - 16 minutes

France - Fiction

Production : G.R.E.C.

synopsis

Paris, juillet 1969. L’homme pose son pas sur la Lune. Une bande d’ados erre à l’Unesco. Ça décolle.

Inès Loizillon

Née en 1990, Inès Loizillon a obtenu un master à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS). C’est à la même période qu’elle a réalisé ses premiers courts métrages expérimentaux, dont Igloo, diffusé sur Arte Creative, et Dégringolade, une œuvre qui fut choisie par Serge Bozon pour être diffusée au Centre Pompidou.

En 2015, elle écrit et réalise son premier film produit (par le GREC) : Kiss Me Not. Deux ans plus tard, elle enchaîne avec Cape Cod, produit par Aurora Films et diffusé sur France 2. Rodéo, l’une des “minutes Lumière” pour le Grec, date de la même période.

À l’été 2017, elle coréalise avec Alice de Lencquesaing Tous les garçons (et les filles), produit cette fois par les Films de la Chapelle.

Armstrong, conçu à l’occasion des 50 ans du GREC, en 2019, est sélectionné en compétition au Festival Côté court de Pantin, avant qu’Inès Loizillon achève en 2021, chez Vertical Production, Tifs. Le film, interprété notamment par Camille Rutherford, est présenté au FIFIB, à Bordeaux, la même année, puis à nouveau à Pantin, en panorama cette fois, en 2022.

La réalisatrice est actuellement en développement de son premier long métrage, pour l'heure intitulé Trompe la mort, tout en écrivant un nouveau court, dans la suite directe du précédent : Tifs 2.

Critique

1969. L’année où Woodstock réunit 500 000 personnes, où les premières émeutes pour défendre les droits LGBT éclatent, où Armstrong devient le premier homme à marcher sur la Lune. 1969, où commence l’éclatement des mœurs et l’accélération des technologies, où tout annonce les Seventies.

En France, ce fut aussi l’année de la création du Groupe de recherches et d’essais cinématographiques (GREC). Et en 2019, Inès Loizillon réalisait Armstrong à l’occasion de l’anniversaire de la structure, qui aidait de jeunes réalisateurs à émerger depuis cinquante ans alors – et qui continue à le faire aujourd’hui. 

Armstrong transpose notre réalité dans les années 1970. Décors, costumes, attitudes : tout y est. De la deudeuche aux pattes d’eph, des bottes blanches aux cheveux longs, le film rend hommage à une période qui fascine. Le rythme est effréné, saccadé, jusqu’à l’utilisation du split screen, comme si un seul plan n’était pas suffisant pour tout montrer. Le film va si vite qu’on ne distingue pas toujours bien les réactions des visages ou les dialogues qu’ils prononcent. De toute façon, ce n’est pas tant l’histoire qui compte que le contexte. 

Cependant, même si les mots dans la bouche des comédiens sont semés d’un florilège d’expressions de l’époque, quelque chose cloche dans le tableau. La qualité de l’image est supérieure à celle des films réalisés alors, trahissant le travestissement. Le court métrage n’est pas et ne prétend pas être le passé, mais plutôt quelque chose de l’ordre du fantasme, de la déclaration d’amour d’une jeunesse à une autre. Parce que ce moment dans l’histoire est devenu, avec le temps, la propriété de l’adolescence et des premiers émois.

Amours, baisers, souffrance, peur. Libération de la sexualité, et avec elle l’angoisse de l’avortement. 1969 a ouvert une brèche de liberté(s) dont nous profitons encore aujourd’hui, mais aussi de questions auxquelles nous essayons toujours de répondre. Espérons qu’en 2069, la jeunesse aura une fois de plus changé de style, mais pas de sens, écoutera de la musique trop fort et cherchera à comprendre son monde, quitte à blasphémer.

Anne-Capucine Blot

Réalisation et scénario : Inès Loizillon. Image : Chloé Bouhon-Noël. Montage : Hodei Berastegui. Son : Lucas Marie, Rémi Carreau et Lucien Richardson. Musique originale : Félix Loizillon et Guillaume Semery. Interprétation : Tara-Jay Bangalter, Louise Gérard, Alice Mauchamp, Alexandre Parizet et Florian Pautasso. Production : G.R.E.C.