Nos soirées 18/01/2020

La prochaine date de “Déjà demain” : le court, c’est aussi à Paris…

Rendez-vous est donné le lundi 3 février au MK2 Odéon pour “Déjà demain”, tandis que le Festival du court métrage battra son plein à Clermont-Ferrand.

Lors de cette soirée seront présentées quatre œuvres récentes, dont voici les présentations détaillées :

Traces, d’Hugo Frassetto et Sophie Tavert Macian (13 min, animation, visuel de bandeau)

Peu nombreux sont les courts métrages qui portent aussi bien leur nom que Traces, d’Hugo Frassetto et Sophie Tavert Macian. Toute cette œuvre réalisée en tandem repose sur les différentes significations du mot : dans un premier temps, il s’agit du savoir, du dessin tracé comme source de connaissance et d’apprentissage. Puis il y a la trace laissée par l’animal que l’on traque durant la période de chasse et, enfin – peut-être le sens le plus important – le fait de tracer son propre destin.

Ici, en partant d’un mot, cette animation invite à découvrir une époque lointaine reconstituée, fantasmant les dessins préhistoriques. Animaux, décors, protagonistes : tout est à l’image de ces fresques, portraits uniques de notre passé commun. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Bus 96, de Louis Séguin (27 min, Ffction/essai, photo ci-dessus)

Bus 96 de Louis Séguin est une fiction aux allures documentaires, dans laquelle on suit Hugues et Louis, deux amis de longue date qui effectuent pourtant leur dernier trajet ensemble. L’un raconte ses rêves et ses projets scénaristiques quand l’autre, d’abord attentif, fini par divaguer tout en faisant mine d’écouter. 

La dimension documentaire de ce court métrage réside dans cette impression donnée de moments captés sur l’instant, de propos à la perspicacité discutable et à l’intérêt incertain, au fait que l’on a effectivement le sentiment de partager la vie de ces deux protagonistes le temps d’un trajet en bus.

 

 

 

 

 

 

 


Shiny Happy People, de Mathilde Petit (20 minutes, fiction, photo ci-dessus)

Voltaire disait dans Candidepar le biais de Pangloss, que “tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles”, pour mieux critiquer ce dernier par la suite. Et ce monde, pourtant plein de vie à l’écran, ne nous a jamais paru aussi vide. Mathilde Petit donne le ton dès l’introduction de son film, avec l’apparition de trois photos au format carré, similaires à la présentation de celles qui sont visibles sur Instagram.

Il s’agit donc d’un univers diégétique où les codes des réseaux sociaux ont été intégrés à notre vie de tous les jours, sans que ceux-là n’existent en tant que tels. Ce qui fait de notre protagoniste un être fondamentalement seul bien qu’entouré physiquement. Et où le personnage interprété par Camille Rutherford apparaît, de loin, comme la personne la plus humaine, même dans ce registre cynique qu’elle avait déjà abordé dans Comment faire pour, aux côtés d’Hugues Perrot – par ailleurs interprète d’Hugues dans Bus 96. Il s’agit donc, au final, plus que d’une simple “adaptation” de nos réseaux sociaux, puisque Shiny Happy People propose un monde dystopique où “être bien” est un dogme et où “faire semblant”, quoique asservissant, devient inéluctable.

 

 

 

 

 

 

 


Ma bataille, d'Hugo Benamozig et David Caviglioli (20 minutes, fiction, photo ci-dessus)

À l’image du free jazz qui rythme ce court métrage, Ma bataille est libre, ou plutôt libéré des règles de notre société. Cette liberté est incarnée par Tristan, l’élément perturbateur, allégorie de la folie, pour qui les normes sociales ne semblent plus s’appliquer.

À l’exact opposé se trouve un autre homme, père d’Olympe, dont la fille est l’unique point d’attache restant à son couple. Malheureusement, dans un élan de paranoïa déclenché par sa rencontre avec Tristan, il doute de sa paternité quitte à y perdre sa famille.

Avec Ma bataille, les réalisateurs, Hugo Benamozig et David Caviglioli, signent une œuvre cynique et noire et un véritable ovni scénaristique.

Axel Vaussourd

Le lundi 3 février 2020 à 20h au MK2 Odéon, côté saint-Michel, 7 rue Hautefeuille, 75006 Paris.


À voir :

- Comment faire pour de Jules Follet, avec Hugues Perrot et Camille Rutherford, disponible sur Brefcinema.

À lire aussi :

- Notre critique du court métrage précédent de Sophie Tavert : Mad.

- Notre critique d'un autre court métrage de Louis Séguin, coréalisé avec Laura Tuillier : Les ronds-points de l'hiver.