News 19/02/2020

Dominique Noguez : de la philosophie au cinéma expérimental

Trois courts métrages très rares de l’écrivain-critique seront proposés le samedi 22 février au Grand Action, à Paris, ainsi qu’un choix de films qu’il a défendus dans ses écrits.

Peu de choses disposaient le normalien Dominique Noguez (1942-2019) à entretenir une passion communicative pour le cinéma expérimental. En 1967, une rétrospective à la Cinémathèque française sur le cinéma underground intitulée “Avant-garde pop et beatnik” lui fait entrevoir un continent alors encore caché. Il écrit le premier texte “adulte” sur ce cinéma, “Une nouvelle révolution cinématographique”, qui sera publié en 1969 par la NRF, puis en volume.

Après avoir obtenu une agrégation en philosophie en 1967, il devient professeur adjoint au département d'Études françaises de l'Université de Montréal (de 1968 à 1971), puis maître de conférences à l'UER d'Arts plastiques et sciences de l'art (Saint-Charles) de Paris I, où il crée le Ciné-club Saint-Charles et dispense un des premiers enseignements théoriques sur le cinéma expérimental en France. Dominique Noguez est rédacteur, puis rédacteur en chef de la Revue d'esthétique (entre 1968 et 1996) et a collaboré à la NRF (1966-1970), aux Cahiers du cinéma (1967-1968) et à L'Art vivant (1972-1975),  revue dans laquelle il défendra le cinéma expérimental avec une fougue à la fois lyrique et raisonnée (il réalisera également trois courts métrages ) avant de se lancer, dans les années 1980, dans une carrière d’écrivain, activité pour laquelle il est le plus connu aujourd’hui, sans totalement abandonner le cinéma expérimental. Sa thèse porta sur le cinéma underground américain qui deviendra un livre-culte et une bible du genre en France : Une renaissance du cinéma : le cinéma “underground” américain (1985)ouvrage plusieurs fois réédité.

C’est pour éclairer le versant cinématographique de l’auteur qu’à la clôture du colloque qui lui est consacré entre le 20 et le 22 février, le Collectif Jeune Cinéma propose une séance consacrée à son travail cinématographique (trois courts métrages déposés à la coopérative, dont il fut un grand défenseur, réalisés entre 1978 et 1981), ainsi qu’à la projection de quelques films qu’il a particulièrement défendu : ceux de Jean-Paul Dupuis, Stéphane Marti, Gérard Courant et Marguerite Duras, parmi bien d’autres.

Raphaël Bassan

Choix d’écrits de Dominique Noguez sur le cinéma expérimental :

  • Le cinéma, autrement, Union générale d'éditions 10/18, 1977 / réédité aux éditions du Cerf, 1987.
  • Éloge du cinéma expérimental, Centre Pompidou, 1979 / réédité par Paris expérimental en 1999 et 2010.
  • Trente ans de cinéma expérimental en France (1950-1980), A.R.C.E.F., 1982.
  • Une renaissance du cinéma : le cinéma underground américain, Méridien-Klincksieck, 1985 ; seconde édition, Paris expérimental, 2002.
  • Ciné-journal (1959-1971) de Jonas Mekas (préface et traduction), Paris Expérimental, 1992.

Visuels : Una vita de Dominique Noguez (1984).

À lire aussi :

- Le cinéma d'animation dans tous ses états à la Cinémathèque française le 24 février.