News 27/06/2019

Disparition : Edith Scob (1937-2019)

C’est l’une des comédiennes les plus singulières du cinéma français qui vient de s’éteindre. Elle avait aussi honoré de sa présence plusieurs œuvres de format court.

De sa véritable identité Edith Helena Scobeltzine, cette comédienne à la parcimonieuse présence aura traversé plusieurs décennies de l'histoire du cinéma français, depuis l’aube des années 1960 et sa collaboration avec Georges Franju, excusez du peu... Elle aura à l'époque tourné avec lui cinq films de rang, à partir de La tête contre les murs et avec bien sûr Les yeux sans visage (1960), où elle incarnait la fille de Pierre Brasseur, défigurée par un accident et portant un masque blanc fantomatique resté célèbre.

Figure importante de la scène française en parallèle, elle a croisé au grand écran des personnalités issues de diverses générations : Duvivier, Cayatte, Verneuil, Kast, Pollet, Buñuel, Boisset, Miller, Ruiz, Rappeneau, Carax, Assayas, Mia Hansen-Løve, etc. C'est grâce à Holy Motors qu'elle avait du reste été nommée, en 2013, au César du meilleur second rôle féminin (photo ci-dessous).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ses allures de bourgeoise extravagante, sa voix si identifiable et cette nonchalance racée ont aussi attiré les réalisateurs de courts métrages, bien naturellement, et pour s'en tenir aux années 2000-2010, on l'avait vue dans Le mal du pays de Laurent Bachet (2001), le moyen métrage Un camion en réparation d'Arnaud Simon (2004) ou encore, aux côtés de Lubna Azabal, dans Écho de Yann Gozlan (2006). Surtout, elle étincelait dans l'iconoclaste Ennui ennui de Gabriel Abrantes (2013, photo de bandeau), en diplomate française perdue dans une steppe d'Asie centrale et mère de la jeune héroïne, un poil godiche, jouée par Laetitia Dosch. Comme un flambeau idéalement transmis – c'est tout le mal que l'on souhaite à la seconde qu'une telle carrière, aussi riche que respectée, souvent à la lisière de l'étrange.

Christophe Chauville