Livres et revues 19/10/2018

Une nouvelle revue dans le paysage : “Les saisons”

Le titre d’un chef-d’œuvre d’Artavazd Pelechian est aussi devenu celui d’une nouvelle revue de cinéma. À l’heure où l’on prédit le pire à la presse papier, cela valait bien une petite présentation et tous nos bons vœux de réussite.

L'automne est arrivé et Les saisons aussi. Cette nouvelle revue de cinéma créée par Pauline Rigal et Baptiste Jopeck, venus des Beaux-Arts et de l'anthropologie, apporte un petit vent de nouveauté sur le monde des parutions cinématographiques – et pas seulement par son graphisme, tout en bleu et en longueur. La revue adopte un contenu simple et original, se rapprochant du geste de la recherche cinématographique plutôt que de celui de la critique. Au lieu de recensions de films, on y trouve les textes de cinéastes ; toutes sorte de notes, poèmes, essais qui ont accompagné la naissance de projets et qui représentent “la part discrète du film”, sous-titre de la revue. Comme l'écrivent les fondateurs dans leur présentation : “ La revue Les saisons rassemble des cinéastes pour qui l'écriture n'est pas que l'archive scellée du film mais un chemin vers l'expérience même du cinéma comme ce qui l'habite en secret.

Dans ce premier numéro, on trouve notamment des textes, inédits ou paraissant pour la première fois en France, de Raymonde Carasco, Martine Rousset, David Yon ou encore Gérard Courant, des réalisateurs (dommage qu'ils soient trop peu présentés dans la revue) au seuil du documentaire, du film-essai et de l'expérimental, des œuvres qui touchent pour la plupart à l'histoire des lieux, des peuples et à la préservation du réel par l'image. Mais surtout un essai de Robert Gardner, grand cinéaste ethnographe qui dirigea pendant des années le Centre d'études cinématographiques à l'Université d'Harvard. Il y retrace son lien avec le cinéma, ainsi que le tournage de Forest of Bliss (photo de bandeau), film consacré à Bénarès, cité sainte de l'Inde, où la dureté du quotidien se mêle, au travers de la caméra, à la douceur et la franchise du regard de Gardner. 

On a pu voir Forest of Bliss au Luminor-Hôtel de Ville, à Paris, pour le lancement de la revue. Une nouvelle projection devrait suivre au printemps 2019 pour le numéro 2, et peut-être même avant, puisque c'est le souhait de la revue que de permettre de programmer des films des cinéastes publiés. En attendant, on peut trouver ici les moyens de se procurer Les saisons, sur Internet ou dans certaines librairies comme celle du Jeu de Paume. 

                                              Léocadie Handke