Festivals 17/03/2019

Les 20 bougies du Festival international du film d’Aubagne

Le FIFA, unique événement consacré en Europe à musique et cinéma, fêtera sa 20e édition entre le 18 et le 23 mars. Sa déléguée générale Gaëlle Rodeville nous la présente.

Le Festival d'Aubagne fête ses 20 ans cette année, pourriez-vous nous rappeler comment tout a commencé et ce qu’était, durant ses premières années, la manifestation ?

La ville d’Aubagne accueillait deux festivals : Méridiens et CinéPassion, qui se déroulaient sur un rythme de biennales. En 1999, la Ville a proposé aux deux structures de se réunir et de créer un seul festival : le Festival international du film d’Aubagne. 

L’association Alcimé est née de cette fusion et la première édition du festival a eu lieu en 2000. Les deux structures ayant des politiques artistiques opposées, l’une des deux structures a quitté l’organisation de la manifestation et, pour continuer à exister, l’association Alcimé a repensé sa ligne éditoriale. Pour cela, elle s’est appuyée sur les structures universitaires existantes : la ville d’Aubagne est dotée du département Satis qui forme aux métiers de l’image et du son (à l’Université Aix-Marseille) et du Céfédem-Sud, le Centre de formation supérieure diplômante des enseignants de musique. À l’époque, ils partageaient les mêmes locaux, et les étudiants de Satis demandaient aux étudiants du Céfédem de composer la musique de leurs films de fin d’études. 

La singularité du festival est née ainsi : mettre en avant la jeune création cinématographique et la création musicale pour l’image, le “troisième personnage”, comme le disait Federico Fellini de la musique de film. Et le festival devint ainsi le seul en Europe à consacrer l’intégralité sa programmation à la relation réalisateur/compositeur. Au fil des éditions, un nombre important de dispositifs d’aide à la création en faveur des compositeurs de musique pour l’image s’est vu développé et Aubagne est devenu un festival référent. 

Comment qualifieriez-vous la ligne éditoriale qui s’est affirmée au fil des sélections, sur celles des courts métrages y compris ?

L’ADN du festival est de se consacrer à la relation de la musique à l’image et à la promotion de la jeune création cinématographique. La production des courts métrages est de grande qualité : tout en ayant une attention très particulière à la musique composée pour les films, nous programmons ceux qui nous touchent, ceux dont les propos nous grandissent et nous construisent. Nous sommes à la recherche de courts métrages audacieux, courageux et généreux. 

La position unique du festival en Europe lui donne-t-elle un éclat international, en termes de présence d’invités et de professionnels notamment – avec aussi l’ouverture d’un Marché il y a deux ans ?

Compte tenu des restrictions budgétaires dans le secteur de la culture, il me semble certain que notre ligne éditoriale nous a sauvés. Unique en Europe, le festival est aujourd’hui reconnu à l’international, pour preuve les invités internationaux, la diversité culturelle proposée dans notre programmation, l’aide de plus en plus importante des instances diplomatiques pour faire venir à Aubagne des artistes étrangers. 

Je pense que l’une de nos forces a été de créer, avec la Sacem, un nombre important de dispositifs d’aide à la création et professionnalisation en faveur des réalisateurs, des producteurs et des compositeurs.

Quelles seront les grandes lignes de cette édition-anniversaire, ses principaux invités, ses soirées spéciales ?

Nous avons créé pour les 20 ans deux nouveaux programmes : le premier, “Accords en duos”, a pour objectif de mettre en lumière des couples fidèles de compositeurs et cinéastes. Toujours en adéquation avec la politique artistique de cette édition-anniversaire, nous avons souhaité inviter des compositeurs ayant déjà un lien avec le festival. Nous recevrons donc Bruno Coulais (pour rappel, ce dernier a dirigé la masterclass de composition musicale pour l’image avec le compositeur Gilles Alonzo, en 2016) et le réalisateur de films d’animation Tomm Moore. Celui-ci a fait deux longs métrages dont les partitions musicales sont signées par Bruno Coulais et tous deux travaillent actuellement sur leur troisième réalisation. 

Autres invités, le couple réalisateur/compositeur islandais Benedick Erlingsson et David Thor Jonsson qui avait reçu le 2013 le Grand prix de la meilleure musique originale du festival pour Des chevaux et des hommes. Quand nous sommes tombés, au dernier festival de Cannes, sous le charme de leur dernier film Woman at War, c’était une belle occasion de les faire revenir à Aubagne !

“Ostinatos, ils repasseront par là” est également un nouveau programme, qui présentera des longs métrages à la musique originale signée de compositeurs ayant bénéficié des différents dispositifs d’aide à la création qu’offre le festival (masrterclass, Marché européen de la composition musicale pour l’image…). Nous aurons ainsi le bonheur de montrer en ouverture Girlde Lukas Dhont, Caméra d’Or au dernier Festival de Cannes, qui est le parfait exemple des espaces de mise en relation que nous mettons en place. Son compositeur, Valentin Hadjadj, avait participé à la masterclass dirigée par le compositeur et arrangeur Charles Papasoff en 2011 et bénéficié en 2013, avec Lukas Dhont, d’une résidence musicale et d’écriture.

Pour les 20 ans du festival, nous avons également voulu créer un évènement live : un concert interprété par les musiciens de la Camerata du Rhône qui célèbre la Musique de film avec un grand M ! Il sera constitué en deux parties, dont la première honorera les plus grands compositeurs de musiques de film, de Saint-Säens à Jerry Goldsmith, en passant par John Williams, Georges Delerue, Francis Lai ou encore Michel Legrand… La seconde sera dédiée à des compositeurs ayant dirigé des masterclass au festival et pour cela nous avons demandé à chacun d’eux d’écrire deux minutes pour ce concert. Ils ont tous joué le jeu et seront tous présents !

À l’occasion de cette édition-anniversaire, le festival accueillera enfin des invités aussi prestigieux que les compositeurs Trevor Jones et Patrick Doyles, ainsi que Catherine Corsini et Felix van Groeningen, qui accordent tous les deux une grande importance à la musique dans leurs films.

Comment voyez-vous l’avenir de l’événement et quelles innovations et développements avez-vous en ligne de mire ?

Nous souhaitons conserver notre ligne éditoriale et enrichir notre programmation artistique en consolidant nos deux nouveaux programmes “Ostinato Ils repasseront par là” et ”Accords en Duos”.

Nous souhaitons développer le Marché européen de la composition musicale pour l’image en l’ouvrant aux séries, tout en étendant le rayonnement du Festivalà l’international, en exportant ce dispositif, ce que nous faisons déjà pour le Festival du Nouveau cinéma de Montréal, le Festival international du film francophone de Namur (Belgique) et le Jerusalem Film Festival (Israël).

Propos recueillis par mail par Christophe Chauville
Remerciements à Géraldine Cance

Toutes les informations sur le festival sont à retrouver sur son site.