Festivals 08/06/2020

Le grand rendez-vous d’Annecy en version dématérialisée

Le Festival international du cinéma d’animation d’Annecy a fait le choix de faire passer en ligne intégralement, ou presque, le – toujours riche – sommaire de son édition 2020. Son directeur, Mickaël Marin, a répondu à nos questions sur ce millésime sortant forcément de l’ordinaire.

Quand et comment a été prise la décision d’organiser une version dématérialisée de votre manifestation plutôt que d’en ajourner complètement cette édition 2020 ?

Dès notre départ en confinement, nous savions que l’annulation du festival dans sa forme physique était, malheureusement, une option possible. Dès la fin mars, nous avons élaboré plusieurs scénarios (un report en juillet, un report en septembre, une “année blanche” ou une édition en ligne).

Après avoir échangé avec les membres de notre Conseil d’Administration et l’équipe du Festival, l’envie de continuer à jouer notre rôle a été la plus forte. Il faut aussi noter que nous avons reçu énormément d’encouragements de la part des professionnels, notamment des studios, pour tenter l’aventure en ligne. Le soutien du secteur a été déterminant et à la fin du mois de mars, notre décision était prise. 

Comment se présenteront vos propositions en ligne, sur toute la deuxième moitié du mois de juin, et de quelle façon s’est élaborée cette programmation nouvelle formule ?

Nous avons souhaité conserver les fondamentaux, côté Festival et côté Mifa. C’est dans cet esprit que les équipes ont travaillé. Les nombreux échanges avec les artistes et les professionnels de l’industrie nous ont permis d’affiner l’offre et même d’ajouter quelques surprises.

Pour le Festival, les accrédités pourront retrouver la compétition pour les 4 formats (long métrage, court métrage, série TV et film de fin d’études) et des programmes spéciaux. 

Cette offre déjà très riche sera complétée par de nombreuses rencontres qui sont aussi depuis plusieurs années l'un des facteurs clé de succès de la manifestation. Ainsi, les festivaliers pourront découvrir de nombreux “work in progress” de films en cours de production, des leçons de cinéma, des making of, de nombreuses minutes en exclusivité de longs métrages terminés…

Côté Mifa, les accrédités vont pouvoir retrouver les dispositifs qui permettent de découvrir les meilleurs projets du moment, d’échanger avec les investisseurs… Nous avons aussi souhaité maintenir le “Mifa campus” dédié aux talents et aux étudiants en animation.


The Nose or the Conspiracy of Mavericks d'Andrey Khrzhanovsky (long métrage en compétition)

Quelles sont les conditions pour accéder aux contenus et qu’avez-vous tenu à y inclure en plus des films eux-mêmes ?

Les professionnels pourront choisir entre une accréditation Festival à 15 euros et une accréditation Mifa à 110 euros (qui donne aussi accès à l’offre Festival).

En plus des films, il nous semblait important de faire la part belle aux rencontres. Nous sommes convaincus qu’un festival doit être un lieu d’échanges, de débats, de perspectives. Plus que jamais les artistes, les professionnels ont besoin de dialoguer.

C’est fort de cette conviction que nous portons une attention particulière aux Rencontres qui seront un élément fort d’Annecy online.

Beaucoup de projets naissent à Annecy, avec le Marché, les pitchs, les rencontres, etc. : l’éclipse de cette édition sur un plan “physique” aura-t-elle un impact sur la production et sur la vie du secteur ?

Nous espérons le moins possible. Que ce soit au Mifa ou au Festival avec les Rencontres, nous avons souhaité que les accrédités puissent échanges en “live”. Soit avec les sessions de questions/réponses, soit en “one to one” via les stands virtuels du Mifa par exemple. Le besoin d’échanges au niveau de l’industrie est fort. Le Mifa sera un des rares marchés de la période. Nous sommes conscients que le niveau d’interaction ne pourra égaler celui d’un marché physique, mais nous avons bon espoir que notre initiative permettra au secteur de continuer sur sa dynamique.


Wieczór de Marcin Gizycki (compétition courts métrages Off-limits)

La 60e édition du festival sera fêtée, du coup, en 2021 : qu’avez-vous décidé de reporter vers cette perspective et avez-vous déjà idée de ce qui pourrait s’y adjoindre ?

Nous fêterons les 60 ans du Festival et rendrons hommage à l’animation africaine en 2021. Il n’était pas question pour nous de renoncer à cet anniversaire et à la reconnaissance des talents africains. Nous le ferons avec une édition “physique” qui, j’espère, sera celle des retrouvailles de la communauté. En dehors de ces deux certitudes, il est trop tôt pour faire d’autres annonces. Mais vous pouvez compter sur toute l’équipe pour faire du millésime 2021 un cru historique !

Le Festival s’est engagé officiellement en faveur de la pétition menée par le SPFA, plutôt que celle de la SRF et du SPI : quelle en est la raison ?

Nous partageons la même analyse que le SPFA. Il faut affirmer la spécificité de l’animation, qui n’est quasiment pas représentée aux Césars. Pour cela, il faut un collège autonome qui permettra d’avoir une représentation au Conseil d’Administration afin de pouvoir participer pleinement aux décisions.

Propos recueillis (par mail) par Christophe Chauville

À lire aussi :

- L'édition en ligne du Festival du film d'animation 2020.

- Les présélections aux Prix André-Martin 2020.

Portrait : © G. Piel / CITIA