En salles 08/07/2020

Trois premiers longs métrages européens à voir au cinéma

Les sorties du mercredi reprennent peu à peu des couleurs et plusieurs premiers longs sont au programme de ce 8 juillet, venus de Grèce, du Royaume-Uni et de France (en coproduction avec Suisse et Belgique).

Pour ce qui est du cinéma français, La forêt de mon père arrive en salles sous les auspices de KMBO et il est signé de Véro Cratzborn, une réalisatrice qui s'était distinguée dès la fin des années 1990 avec un court métrage de la série “Vivre ensemble demain” pilotée par le Grec : Lavomatic. Quatre autres courts métrages auront suivi entre 2005 et 2014, dont le plus diffusé a sans doute été Week-end, au titre godardien et qui mettait en scène un moment intime et particulier de la vie d'un couple, incarné par Jocelyne Desverchère et Manuel Blanc. Avec La forêt de mon père (photo ci-dessous), la réalisatrice s'attaque à un motif toujours délicat dans un cadre fictionnel, celui de la folie. Un père de famille, plus fragile qu'il en a l'air, a un comportement parfois carrément border line, capable de se dépoiler au supermarché pour détourner l'attention de son incapacité à payer, et ne peut donc à un moment donné éviter d'être conduit vers un établissement spécialisé. Le portrait, et c'est sa réussite, montre surtout la poésie de cette personnalité inadaptée au jeu social, hors des normes et imprévisible. Le trop rare Alban Lenoir incarne ce personnage contrasté et Ludivine Sagnier son épouse, à la fois aimante et – forcément – inquiète et désemparée.

Autre atmosphère avec Park de l'Héllène Sofia Exarchou (photo ci-dessous), un film sorti dans son pays d'origine en 2016, présenté au Festival Premiers plans d'Angers et au Festival de films de femmes de Créteil l'année suivante et qui nous arrive seulement… On peut d'ailleurs en savoir gré à son distributeur, Tamasa, d'en avoir fait le choix malgré tout, car ce premier long affirme une belle maîtrise dans la mise en scène, filmant une jeunesse sauvage dans un décor assez inouï, celui des installations de l'ancien parc olympique des Jeux d'Athènes, en 2004, désormais délabré et tombé en désuétude. Un côté “no future” qui colle aux basques des jeunes protagonistes, désœuvrés et livrés au vandalisme ou à une sexualité sommaire, quasiment à la manière des inquiétants chiens d'attaque qui les accompagnent. Sofia Exarchou, diplômée de l'ESAV de Toulouse, avait signé plusieurs films court au préalable, à savoir Distance (Apostasi, 2006) et Mesecina (2009). Elle confirme qu'il existe une école du jeune cinéma grec qu'il faudra suivre de près, comptant évidemment aussi Vasilis Kekatos ou Konstantina Kotzamani.

Autre réalisatrice à l'honneur sur les écrans en ce début de “grandes vacances”, l'Écossaise Eva Riley qui, avec L'envolée (Perfect 10 en VO, photo de bandeau / © Laurie Grantham), scelle une belle réussite en passant à un format de long, après le retentissement de Patriot en 2015 – il avait alors été présenté en compétition officielle des courts métrages au Festival de Cannes. Sur une durée assez resserrée d'une heure vingt, L'envolée s'inscrit aussi dans l'Angleterre provinciale, sinon rurale, dans les environs de Brighton, sur la côté de la Manche. Sa jeune héroïne, Leigh, aborde l'adolescence entre la tentation de s'épanouir à travers la gymnastique – une discipline qui en exige et la fait donc douter – et celle de suivre un demi-frère tombé du ciel, dont elle ignorait l'existence jusqu'alors et qui l'entraîne, en séduisant mariole cockney, dans d'excitantes affaires de vols de motos… On pense évidemment à la veine de cinéma social anglais à la Sweet Sixteen de Ken Loach (2002) et le duo de jeunes interprètes de cette fratrie inattendue est proprement épatant. On le conseille donc vivement pour un bon retour dans les cinémas…

Christophe Chauville

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