En salles 29/10/2018

“Ta mort en short(s)”, un programme jeune public atypique de chez Folimage

“Bref” et L’Agence du court métrage sont partenaires d’un programme jeunesse quelque peu inhabituel, “Ta mort en short(s)”. Il sera distribué par Folimage à partir du 31 octobre, jour d’Halloween et à la veille de la fête des morts, qui ne sera donc cette année pas forcément sordide ou tragique !

La pierre angulaire de ce nouveau programme, et qui en fait tout naturellement l’ouverture, est évidemment Pépé le morse, le film-phénomène de Lucrèce Andreae, sélectionné dans plus de soixante festivals à travers le monde, récompensé du César du meilleur court métrage d’animation en 2018 et du Prix du public à Annecy, après avoir été découvert en compétition officielle du festival de Cannes, l’année précédente. Nous l’avions en outre proposé en ligne sur Brefcinema à l’attention de nos abonnés et renvoyons donc à la critique qui en avait été alors faite (texte à lire ici). Qu’y ajouter, sinon que ce film demeure en mémoire longtemps après avoir été vu et que les jeunes spectateurs de ce programme y seront sans doute sensibles à leur tour, quitte à porter aussi, pourquoi pas, un regard neuf sur leur grands-parents même s’ils ne ressemblent pas tous à des animaux marins…

Le deuil et la délicate façon d’y accéder, de s’y résoudre, de l'accepter, voilà un motif que l’on peut retrouver également dans Mon papi s’est caché (photo ci-contre), d’Anne Huynh, une jeune réalisatrice passée par l’Institut Sainte-Geneviève de Paris et qui signa l’un des épisodes de la toute première série En sortant de l’école, dédiée à Jacques Prévert. Sa technique de pastels gras sur cire donne une explosion de couleurs parfaitement raccord avec le jardin cultivé par le vieil homme s’adressant à son petit-fils. 

 

Une autre disparition célèbre de la littérature enfantine est celle de la petite marchande d’allumettes d’Hans Christian Andersen, dont Anne Baillod et Jean Faravel donnent leur propre nouvelle version, en animation en volumes, grâce à des papiers découpés et des marionnettes, pour une chronique hivernale poignante, où chaque flamme qui s’amenuise apparaît comme une inéluctable déchirure. Plus directement mal élevé apparaît le cinéma d’Osman Cerfon, récemment distingué du Prix Émile-Reynaud pour son dernier opus, Je sors acheter des cigarettes. Auparavant, ses Chroniques de la poisse (photo en bas à gauche) avaient installé son humour bien personnel, parfois trash dans la veine de Beavis et Butthead ou des Simpson, mais avec aussi un je-ne-sais-quoi de surréaliste dans une pure tradition graphique remontant à loin dans le temps (“La Poisse” est ainsi un homme à tête de poisson, qui aurait pu germer dans l’esprit de Jérôme Bosch).

Suit Mamie de Janice Nadeau (photo en bas à droite), animation en dessin animé plus traditionnel portant la canadienne marque de l’ONF, et Los dias de los muertos, savoureuse variation orchestrée par une ancienne de la Poudrière, Pauline Pinson en anim’ numérique 2D, nous plongeant dans cet événement institutionnalisé de la vie culturelle et religieuse au Mexique, avec le retour de défunts parfois sacrément affamés, qui ferme le ban, après 54 minutes, sur une note toujours colorée et enlevée. Ce qui n’était pas gagné d’avance au vu du sujet générique audacieux proposé par Folimage, dont l'objectif est cette fois de sortir de sa cible de prédilection et de s’adresser aux (pré-)ados à partir de l’âge de 11 ans. Un matériel d’accompagnement spécifique, dont un livret pédagogique, est du reste disponible sur le site du distributeur.

Christophe Chauville