En salles 25/04/2018

Les filles aussi savent dribbler

La Coupe du monde approche, mais ce sont bien les pionnières – rémoises – du ballon rond en France que met à l’honneur “Comme des garçons”, le premier long métrage de Julien Hallard, auteur de plusieurs courts remarqués.

Initialement et longtemps intitulé Les filles de ReimsComme des garçons revient sur l’aventure des premières femmes ayant pratiqué le football en France – dans la capitale du champagne, donc, à l’extrême fin des années 1960.

Le ton est celui d’une franche comédie, un genre dans lequel Julien Hallard s’est souvent exprimé ces dernières années au gré de ses collaborations avec les Films Velvet, également aux manettes de son premier long. Une seule fois il aborda un registre sombre, à travers Rose, maintenant, ou l’histoire du deuil difficile d’une adolescente dont le frère aîné s’était tué. Le résultat était moyennement convaincant et on avait, pour tout dire, préféré la singulière cocasserie de Vinyl, expérience “jarmuschienne”, en noir et blanc, d’une suite de saynètes bavardes dans un magasin de disques vintage.

Hallard avait ensuite trouvé un acteur fétiche en la personne de Franc Bruneau, mis en scène dans Cheveu – où il avait l’effroi de commencer à se dégarnir et entrevoir la perspective de ressembler à son père, à la calvitie avancée –, puis dans People Are Strange, où un sosie autoproclamé de Jim Morrison prenait la route avec son meilleur pote, incarné par Estéban, et rencontrait l’amour en la personne d’une auto-stoppeuse stylée gothique.

Avec Comme des garçons, le jeune réalisateur s’est lancé dans une reconstitution d’une époque, avec un réalisme minutieux et de manière fantasmatique tout à la fois, un peu à la manière de Régis Roinsard, pour les années 1950, avec Populaire (2012). Il insiste surtout, à travers les luttes de ses aspirantes footballeuses, sur les enjeux féministes de ces bouillonnantes années, face à un conservatisme phallocratique généralisé, même au lendemain de Mai 68. La finesse fait parfois défaut – voir le chant-slogan “Crampons, nichons”... –, mais l’enthousiasme de l’équipe de filles ainsi réunies (Vanessa Guide, Solène Rigot, Carole Franck, Sara Suco ou encore Mona Walravens, qui n’est autre que la fille du dessinateur culte Picha) se révèle finalement assez communicatif.

Christophe Chauville

 

Filmographie courts métrages de Julien Hallard 
Brooklin01 (co-réalisé avec Guillaume Paturel, 2001, 16 min)
Valentine (co-réalisé avec Guillaume Paturel, 2002, 21 min)
Meeting Vincent Gallo (2008, 41 min)
Vinyl (2009, 18 min)
Cheveu (2010, 18 min, photo)
Rose, maintenant (2012, 25 min)
People Are Strange (2014, 20 min)

 

 

En “bonus”, on pourra lire un entretien avec le producteur du film, Frédéric Jouve des Films Velvet, sur le site Cineuropa.