En salles 15/11/2017

Les belles flèches de Diane

"Diane a les épaules" consacre les premiers pas, que l’on attendait fermement, de Fabien Gorgeart dans un format de long métrage, avec une prestation exceptionnelle de Clotilde Hesme à la clé.

Fabien Gorgeart devait “passer” au long avec un projet qui a finalement été écarté, mais qui devait réunir Clotilde Hesme et Fabrizio Rongione, un duo que le réalisateur avait déjà dirigé et aimé diriger dans certains de ses courts métrages. Il a donc naturellement écrit les personnages principaux de Diane a les épaules pour eux, avec l’idée de brosser un portrait de femme insolite au cœur de notre époque. Son cinéma a toujours été traversé par les thèmes de la paternité et/ou de la maternité, depuis le retour d’un père absent pour le mariage de l’un de ses fils dans Comme un chien dans une église à l’infertilité à annoncer à sa compagne par l’un des deux amis en balade du Sens de l’orientation, en passant par le ventre arrondi d’Élodie Hesme dans Un chien de ma chienne, où apparaissait donc déjà Clotilde, mais aussi Annelise Hesme, le film s’inscrivant dans le motif du “Jeu des 7 familles” de la Collection de Canal+ cette année-là. Dans ce film de sororité, un ton de western était délibérément exploré, ce qui résonne avec l’inspiration de la figure de Diane, pour laquelle Fabien Gorgeart explique avoir énormément pensé à John Wayne chez John Ford ! La jeune femme, volontiers fantasque, a décidé de sauver, faute du monde ou d’une communauté précise, un couple d’amis homosexuels en portant leur enfant. C’était compter sans la rencontre imprévue du bienveillant et très zen Fabrizio, qu’il faut informer de la réalité et surtout ménager. Une autre inspiration avouée est celle des films d’action US interprétés par Bruce Willis ou Mel Gibson, le détail de l’épaule de Diane qui se déboîte venant directement de L’arme fatale !

Avec ce premier long métrage, Fabien Gorgeart semble se renouveler tout en creusant son sillon, saisissant un sujet sérieux, sinon brûlant – la GPA – sans en faire une thèse et osciller entre chronique intime et comédie, lorgnant parfois vers le burlesque, à travers des corps filmés dans leur singularité, comme dans des jeux d’enfants. Un écho de l’ouverture de Comme un chien... et du lien entre les deux frères, le futur marié et son photographe “officiel”. Thomas Suire incarnait celui-là et on le retrouve au sein du couple de futurs papas de Diane a les épaules, signe d’une fidélité de plus pour ce Breton d’origine qui a choisi comme terre élective de cinéma l’Aquitaine, l’incroyable décor de la maison de ce nouveau film répondant à l’église tout aussi mémorable aperçue dans Comme un chien... et dans Le sens de l’orientation.

Christophe Chauville

 

Filmographie courts métrages de Fabien Gorgeart 
Comme un chien dans une église (2007, 23 min)
L'espace d'un cri (2008, 8 min)
Un homme à la mer (2009, 27 min)
Le sens de l'orientation (2011, 35 min)
Un chien de ma chienne (2013, 12 min)
Le diable est dans les détails (2016, 19 min)