En salles 23/02/2020

De Gaulle avant De Gaulle : “Mes jours de gloire” d’Antoine de Bary

La continuité est évidente entre le court métrage “L’enfance d’un chef” d’Antoine de Bary et son premier long, “Mes jours de gloire”, qui sort au cinéma ce mercredi 26 février. Avec à nouveau Vincent Lacoste comme interprète principal. 

Évoquer les premiers pas d’Antoine de Bary au cinéma, c’est poser d’abord une histoire(s) de potes. Celle de la bande du réalisateur, qui compte Vincent Lacoste, Félix Moati et Thomas Blumenthal… En 2016, le festival de Cannes voyait d’ailleurs la présentation en compétition officielle “courts métrages” du premier film de Moati, Après Suzanne, interprété par Lacoste et De Bary, justement, tandis que le court de ce dernier, L’enfance d’un chef, concourrait à la Semaine de la critique, avec, dans le premier rôle, Vincent Lacoste…

Un destin commun en marche qui s’affirme encore cette année : après que l’acteur a tenu le rôle principal de Deux fils, premier long de Moati, en 2019, il enchaîne avec celui de Mes jours de gloire, qui reprend la base de la narration du court qui a précédé. Un jeune acteur s’y voit confier le rôle du jeune Charles de Gaulle dans un film historique que doit réaliser un cinéaste allemand – plutôt caractériel – et on le suit au fil des séances de répétitions et d’épisodes de sa vie personnelle, entre sorties nocturnes et conversations à bâtons rompus avec les copains, sans oublier les moments de doutes existentiels – assez furtifs – ou sentimentaux – plus récurrents !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Dans le long métrage, le jeune comédien ne s’appelle plus directement “Vincent Lacoste”, comme dans le court, mais Adrien, dont les difficultés à entrer dans l’âge adulte affleurent encore plus nettement. Le fameux syndrome de Peter Pan n’est pas loin et la difficulté de quitter ses parents, ne serait-ce que géographiquement, en habitant dans son propre chez-soi, est déjà un souci, amplifié par la dimension du métier de psy exercé par la mère – un motif qui revient dans les deux films.

Toutefois, la drôlerie intégralement à l’œuvre sur le format du quart d’heure se teinte de touches beaucoup plus pessimistes dans Mes jours de gloire, qui épaissit naturellement le matériel narratif initial et entraîne son personnage vers les rives beaucoup plus sombres de la dépression et l’effondrement possible. À la manière d’un Macaulay Culkin, Adrien fut un enfant star qui a eu du mal à franchir les étapes et se trouve en situation d’échec prématuré, alors qu’il n’a pas encore atteint la trentaine – tout comme Antoine de Bary lui-même. La fameuse “adulescence” étant devenu une marque de nos sociétés “post-post-modernes”, le cinéma, en toute logique, s’en empare (voir par exemple le récent Play d’Anthony Marciano) et Mes jours de gloire l’entrechoque au final avec des époques contrastées, celle du film dans le film – qui correspond à “l’enfance d’un chef” et à l’imagerie “gaulliste” – et celle des parents et des années 1970-80, à travers notamment la réapparition d’une star emblématique d’une période désormais si lointaine, Christophe Lambert. Et une pénétrante mélancolie achève donc de nimber un tableau d’une jeunesse qu’on avait d’abord crue inconséquente et désinvolte…

Christophe Chauville

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