En salles 07/11/2018

Corsini est elle aussi passée par le court...

La sortie de son nouveau film, “Un amour impossible”, nous donne l’opportunité de revenir sur le début de parcours de sa réalisatrice, dans les années 1980.

Au sein de la génération de cinéastes français ayant émergé dans les années 1980 (Carax, Jeunet, Assayas, Le Guay, etc.), Catherine Corsini est sans doute celle dont on méconnaît le plus aujourd’hui le passage, pourtant durable, par le format court. Son adaptation du roman de Christine Angot Un amour impossible est son dixième long métrage pour le cinéma, tandis que le premier, Poker, était sorti en 1988 à la suite de trois courts métrages remarqués.
Rencontres amoureuses et déboires sentimentales attiraient alors déjà la jeune réalisatrice, sur le mode très “eighties” et parfois burlesque de La mésange, premier essai entrepris dans le giron du Grec, ou de manière tragi-comique avec Nuit de Chine, qui s’achevait sur une chute fatale dans le vide, par une fenêtre ouverte, pour l’infortuné héros joué par André Marcon. Entre les deux, l’intimiste Ballades avait conduit une première fois la réalisatrice sur la Croisette, via la section désormais disparue “Perspectives du cinéma français”, alors proposée par la SRF.

Dans ces films, on dansait beaucoup, sur une impro de jazz ou un bandonéon à la Piazzolla, on jouait délibérément à la manière de la Nouvelle vague, tandis que déjà, les visages féminins bénéficiaient d’un œil particulier, comme celui, diaphane, de Catherine Corringer dans Nuit de Chine, annonçant cette manière unique de regarder les femmes, jusqu’au duo de La belle saison (Cécile de France/Izia Higelin) ou, dans Un amour impossible, Virginie Efira en amoureuse absolue et bientôt humiliée.

Souvent précise dans la reconstitution des années 1960-70, Corsini savait déjà saisir toute une époque dès son premier opus, La mésange ressuscitant, vu d’aujourd’hui, le parfum d’un âge révolu, où l’on poireautait devant les cabines téléphoniques, où les Renault 5 peuplaient les rues embouteillées de Paris et où une affiche du Blow Out de De Palma trônait au fronton d’un cinéma. En somme une filmographie qui se profile aussi, de 1982 à 2018, en un véritable roman français.

Christophe Chauville


Filmographie courts métrages de Catherine Corsini


La mésange (1982, 11 min)
Ballades (1983, 16 min)
Nuit de Chine (1986, 11 min)
Mohamed (2000, 4 min)
La poudre d'escampette (2009, 3 min)

Photos : © Chaz Productions.