En salles 17/03/2019

Amère “Lune de miel” roumaine

L’une des plus modestes sorties de la semaine est pourtant à considérer comme elle le mérite : “Lune de miel”, premier long métrage de la Roumaine Ioana Uricaru.

Célébré dans de nombreux festivals internationaux – Berlin, Sofia, Tribeca à New York, le Nouveau cinéma à Montréal, Premiers plans d'Angers ou encore Sarajevo, où il a remporté le Prix de la meilleure réalisation –, Lune de miel (Lemonade en VO) aurait très objectivement mérité mieux que deux salles à Paris pour son distributeur ASC. Ce premier long métrage en coproduction réunissant quatre pays (Roumanie, Canada, Suède et Allemagne) est en effet plutôt marquant, nous emmenant dans les pas de son héroïne, Mara, aux États-Unis où, mère seule d'un enfant d'une dizaine d'années, elle est suspectée de vouloir se marier prochainement sur place pour obtenir la “green card” en une union factice et seulement motivée par la peur d'être explusée vers la Roumanie qu'elle a quittée.

 

 

 

 

 

 

 


Nerveux et âpre, traduisant la tension latente régnant dans l'Amérique de Trump sur le motif de l'immigration, Lune de miel prend aussi une dimension particulière à l'époque de la légitime dénonciation des harcèlements sexistes, tandis qu'un fonctionnaire de l'immigration cherche à tirer profit de la situation pour contraindre la malheureuse Mara à accepter ses avances... Porté par la performance de sa comédienne Mălina Manovici, le film confirme les qualités d'une réalisatrice remarquée dans le court métrage, à travers notamment Malpensa (Stopover) en 2010, et qui a également travaillé comme monteuse sur plusieurs films. Elle avait ainsi cumulé les deux volets sur les Contes de l'âge d'or en 2009, plus précisément sur le segment The Legend of the Official Visit

Christophe Chauville