En salles 19/11/2018

“Amanda”, la petite fille au début du chemin...

Deux ans et demi après “Ce sentiment de l’été”, Mikhaël Hers revient le 21 novembre avec un magnifique nouveau film, le bouleversant “Amanda”. Brefcinema vous propose pour l’occasion de voir et revoir en ligne ses trois moyens métrages.

S’il s’agit de son troisième long métrage, Amanda est, en fait, bel et bien le sixième film de Mikhaël Hers. Point de coquetterie dans cette affirmation mais la réalité incontestable d’une filmographie exceptionnelle qui, d’emblée, dès les premiers plans de Charell, distilla une petite musique dont, personnellement, nous ne voulûmes plus jamais nous défaire.

Trois moyens métrages et trois longs métrages, donc.

Et une dernière œuvre qui confirme, après Ce sentiment de l’été, le désir du cinéaste de ne pas s’enfermer dans une manière délicate et sensible dont l’étau aurait pu asphyxier son inspiration.

En 2016 déjà, avec un nouveau producteur (le même que pour Amanda), il s’agissait d’ouvrir les perspectives, d’allonger le temps du récit (étalé sur deux années), de quitter Paris et sa banlieue, d’aller voir ailleurs (à New York, à Berlin), de “mettre en danger” un système narratif rodé et un style empreint de douceur et de bienveillance qui trouvaient leur quintessence dans Memory Lane, premier long métrage en forme de “best of”, film-somme dans lequel on retrouvait, intactes, toutes les qualités de trois remarquables moyens métrages.

Aujourd’hui, si le cinéaste aborde à nouveau le thème du deuil et de la reconstruction, il sort de la bulle soyeuse où s’exprimait jusqu’alors la mélancolie inhérente à son cinéma. Il filme, dans Amanda, le Paris d’aujourd’hui : une ville meurtrie par des attentats. Et surtout, à travers un Vincent Lacoste s’affirmant pour la première fois dans un registre strictement dramatique, Mikhaël Hers met en scène un personnage principal qui, s’il perd son insouciance, doit urgemment trouver sa place, et s’affirmer (père ou amant) quand, auparavant, l’adolescence et ses effluves maintenaient ses protagonistes encore rivés à un passé rassurant (ou fantasmé).

En regardant de l’avant et en fixant droit dans les yeux le monde autour de lui, Mikhaël Hers opère, en surface, une mue que l’on n’attendait pas forcément de sa part. Certains en resteront inconsolables. D’autres y trouveront la porte d’entrée d’un cinéma des sentiments dont il demeure de loin, en France, le plus passionnant architecte.

Stéphane Kahn

Filmographie courts métrages de Mikhaël Hers 
Charell (2006, 45 min)
Primrose Hill (2007, 57 min)
Montparnasse (2009, 58 min)