DVD 11/10/2018

Une nouvelle édition de “Festen”, avec les mythiques courts métrages de Vinterberg en bonus

Il y a bientôt vingt ans – déjà ! – sortait en France “Festen”, de Thomas Vinterberg. Une nouvelle édition DVD du film vient d’être publiée, avec des suppléments inédits et exceptionnels.

Il faut l'avoir vécu pour se souvenir à quel point, en 1998, la présentation de Festen en compétition officielle du Festival de Cannes avait décoiffé la Croisette, et c'est un euphémisme. Le film n'avait eu “que” le Prix du jury au final, mais avait sacrément impressionné les festivaliers, au point de devenir ensuite quasiment une sorte de mètre-étalon en matière de secrets de famille éclatant au grand jour lors de réunions tendues et/ou avinées. Le film existait évidemment déjà en DVD depuis longtemps – notamment au sein d'un coffret de chez Arte éditions, avec les autres premiers opus du Dogme 95, à savoir Les idiots de Lars von Trier et le trop méconnu Mifune de Søren Kragh-Jacobsen. Mais cette nouvelle édition, proposée aujourd'hui par Doriane Films, comprend – et c'est un vrai “plus” – de riches bonus : un documentaire sur le dit mouvement lancé par les cinéastes danois alors les plus en vue, Free Dogme, et surtout les deux moyens métrages signés par le jeune cinéaste alors considéré comme prodige du paysage européen. 

Intitulé ici Un dernier tour et désigné soit comme La dernière tournée, soit sans son article indéfini dans les années 1990, le film de fin d'études de Vinterberg à la Danske Filmskole annonçait Festen dans sa façon d'aborder, de façon assumée, le drame de front et avec une désinvolture dans le ton assez emblématique. Le héros, Lars, faisait ses adieux, étant atteint d'une incurable leucémie, à sa famille, ses amis, sa ville et la vie, mais le potentiel tragique de la narration se voyait dégoupillé par l'approche du réalisateur et suivait les chemins buissonniers tout en ouvrant une veine assez nettement noire que poursuivait l'année suivante Le garçon qui marchait à reculons (photo de bandeau).

Prix du public et mention spéciale du jury au festival de Clermont-Ferrand en 1995, ce film que nous avions placé dans notre Top 100 des courts métrages européens l'an dernier (dans Bref n°122) creuse des obsessions fortes du réalisateur dans sa première période, à savoir la mort, la manière des proches de l'appréhender et la frontière entre la folie et le “faire semblant”. Cette fois, c'est un jeune garçon qui vivait la perte accidentelle de son aîné admiré comme un tsunami dans sa jeune vie, mais Vinterberg s'attachait à nouveau à désamorcer toute tentation mélodramatique et escaladait le versant de la tragédie sans larmes ni hystérie, avec humour, même, parfois, dans un minimalisme qu'il n'a malheureusement pas toujours su conserver depuis, au gré d'une carrière ultérieure chaotique et finalement peu lisible, jusqu'à ce Kursk qui constitue son dernier long métrage en date, arrivera en salles en novembre et sera porté par un casting international a priori éloigné de ces années 1990 étincelantes et dont les promesses n'auront pas été toujours exactement tenues. Une raison de plus pour s'y replonger sans la moindre hésitation...

Christophe Chauville


Festen de Thomas Vinterberg, DVD double, Doriane Films, 20 euros.
Disponible depuis le 27 septembre 2018.