Cahier critique 16/07/2018

"Tempête sur anorak" de Paul Cabon

Un humour WTF.

Bienvenue à Brest, ou quelque chose qui y ressemble. Un jour de violente tempête, un grand méchant masqué ordonne à ses sbires de voler l’“invention” de deux jeunes hommes. La fonction de cette dernière reste assez obscure. Il semblerait qu’elle “rapproche du futur”… Formule mystérieuse à l’instar de toute la trame de ce court métrage de Paul Cabon. Dès le début, il donne une impression d’abondance, à la fois dans le dessin avec des couleurs sombres et multitude d’objets volants en tout genre saturant l’espace, et dans la narration : un homme masqué, deux scientifiques, une jeune femme, une invention, une tempête. Autant d’éléments qui posent des questions auxquelles nous n’aurons pas forcément de réponses. Et tant mieux. En effet, l’objectif du réalisateur n’est pas de se plier à une logique, ni de donner un sens absolu à son histoire. Il s’agit plutôt de se laisser porter par des événements qui s’enchaînent naturellement les uns après les autres bien qu’ils ne semblent pas toujours avoir de rapport entre eux. Le surnaturel et l’inexplicable priment et c’est ainsi qu’on se retrouve avec des formules incompréhensibles telles que “vibration des ribosomes” et des vaches furieuses aux yeux laser verts. Pas étonnant alors que la résolution de cette histoire arrive à la deus ex machina où le dieu serait une vieille sorcière qui hurle beaucoup. La musique rythmée de Jukka Herva tisse une trame de fond qui renforce l’unité du film et le propulse dans un univers déjanté et futuriste qui jongle avec l’absurde.

Au centre de cet univers évolue trois personnages. Tandis que les couleurs de leur blouson les rassemblent par leur complémentarité, leur caractère difficile les sépare. Entre naïveté, cynisme et grossièreté, ils ajoutent à l’humour noir des gags qui ponctuent le film. Eux-mêmes ne cherchent pas à comprendre et se contentent de commenter ponctuellement les événements en établissant des évidences, en riant très gras et en criant très fort.

Le court métrage nous transporte dans un imaginaire, peut-être même un rêve. Rêve d’un futur qui ressemblerait à une boîte de nuit avec ses lumières, ses figures déformées et ses sons métalliques. Rêve d’un monde où l’on combat le mal par une danse butée et envoûtante, entre tradition et tecktonik. Rêve d’un optimisme cynique résistant à toute épreuve, parce que tout de même, “ça nous fait un beau canapé”.

Anne-Capucine Blot

Blog de Tempête du anorak 

Réalisation, scénario, image et montage : Paul Cabon. Animation : Paul Cabon, Marylou Mao et Antoine Maillère. Effets spéciaux : Cyril Drouin et Caroline Lafarge. Son : Kevin Feildel, Marc Le Flour et Yann Legay. Musique : Jukka Herva. Décors : Paul Cabon et Benoît Audé. Interprétation : Célia Asensio, Christophe Seugnet, Thierry Barbet, Paul Cabon et Tristan Le Doze. Production : Vivement Lundi !