Cahier critique 24/07/2019

“L’avenir est à nous” de Benjamin Guillard

Une comédie inter-générationnelle !

Dès ses premiers courts métrages, Benjamin Guillard a abordé des thèmes de société à travers le prisme de la comédie. Looking for Steven Spielberg (2009) contait l’aventure de deux acteurs de théâtre sans succès, partis rencontrer leur idole après avoir appris qu’il venait chaque année, incognito, dans un petit village sur la côte atlantique. Après maints obstacles, un face-à-face survenait et les deux personnages, d’abord miséreux et guignolesques, récitaient soudain de concert, devant l’Américain prêt à s’échapper, un dialogue fameux de l’Andromaque de Racine, toujours entendu et connu par cœur, mais jamais joué. Leur misère oubliée, le rêve rendu réel, ils devenaient pour un instant grandioses. De même, dans Véhicule-école (2012), où un ministre se voyait confronté, lors d’une visite improvisée à une formation de conduite de bus, à une réalité bien plus complexe que celle à laquelle il s’attendait.
À nouveau, le réalisateur osait une confrontation délibérément irréaliste, mais révélant avec humour et par l’absurde une situation sociale absolument sérieuse.

L’avenir est à nous, son troisième court métrage, suit le même sillon. On y retrouve l’acteur fidèle déjà présent dans ses deux premiers films, Olivier Saladin, découvert notamment par son rôle dans la série des Deschiens. Il interprète Louis, une sorte de “loser”, comme on dit, quitté par sa femme, sans argent et sans logement, et ce n’est que grâce à sa rencontre dans une énième queue pour une visite d’appartement (aussi épouvantable que le loyer) avec le jeune Maxime – François Deblock – qu’il réussit à remonter la pente. Ensemble, ils partiront à la recherche du vieux père de Louis, censé fournir les documents de garantie pour la colocation qu’ils espèrent dorénavant trouver ensemble. Commence alors une nouvelle aventure rocambolesque vers la Vendée.

Le titre optimiste est à double tranchant, le film débutant comme si l’avenir n’appartenait en fait à personne d’autre qu’à une réalité impersonnelle et sans humanité. Mais, on l’aura compris, le réalisateur tient à un cinéma plus fort que cette réalité (un monde qui “s’accorde à nos désirs”...) et rend finalement possible cette affirmation que, oui, l’avenir est bien à nous, si on veut y croire. La morale peut sembler trop simple – et l’histoire l’est par certains côtés aussi –, le propos étant parfois envahi par une légèreté qui peut paraître parfois factice, mais Benjamin Guillard parvient à proposer à nouveau une fable efficace, portée par un rythme “punchy”, où l’on retrouve le vent de liberté de ses précédents films.

Léocadie Handke

Scénario et réalisation : Benjamin Guillard. Image : Christophe Chauvin. Montage : Louise Decelle. Son : Séverine Ratier, Olivier Pelletier, Elisabeth Morin et Nicolas Mas. Musique originale : Antoine Sahler. Interprétation : François Deblock, Anna Gaylor, Roger Dumas, Olivier Saladin et Olivier Broche. Production : Lionceau films.