"Calypso Is Like So" de Bruno Collet
Un hommage irrévérencieux à Robert Mitchum en marionnettes animées.
Animateur de marionnettes – vaudous dans le cas présent –, Bruno Collet s'octroie le plaisir de faire tourner le grand Robert Mitchum – petit privilège de cinéaste d'animation. Il serait malvenu de le lui reprocher tant Calypso Is Like So est un hommage à la fois drôle et irrévérencieux, fidèle à l'image de mauvais garçon que Mitchum entretenait dans ses rôles, comme à la ville.
Un film hommage donc, dans lequel le réalisateur s'amuse à glisser autant de références – détournées – que possible, de La nuit du chasseur à Dead Man en passant par Le jour le plus long. Tout cela commence sur le rythme enjoué et “arhumatisé” de “Secret Serenade” – titre issu de l'album Calypso Is Like So enregistré par Mitchum dans les années 1950 – qui annonce une historiette romantique entre les marionnettes de l'acteur et d'une jeune et blonde journaliste égarée. Mais en astucieux scénariste, Bruno Collet ne se contente pas de dévider son admiration béate et imagine le dernier film – qui semble tourné en catimini au purgatoire – de ce personnage hors normes du cinéma hollywoodien.
Usant d'un humour noir emprunté à Robert Mitchum lui-même, le réalisateur part alors en croisade pour rétablir une injustice intolérable à ses yeux : ce mythe cinématographique n'a jamais décroché l'Oscar au cours de sa longue et riche carrière ! En nourrissant sa marionnette des innombrables personnalités que Robert Mitchum a pu interpréter au cinéma, Bruno Collet lui offre modestement – et avec un regard complice – un rôle ultime qui lui permettra enfin d'obtenir la récompense suprême. Si toutes les nécrologies étaient aussi pertinentes...
Fabrice Marquat
Article paru dans Bref n° 63, 2004.
Réalisation et scénario : Bruno Collet. Image : Fabrice Richard. Montage : Pascal Auclert. Son : Léon Rousseau. Musique : KMP Music. Décors : Bruno Collet et Jean-Marc Ogier. Interprétation : Claire Keim. Production : Vivement Lundi !
