Cahier critique 22/03/2017

"À tes amours" d’Olivier Peyon

La lumineuse Jocelyne Desverchère sous la direction d’Olivier Peyon, dont le long métrage “Une vie ailleurs” était en salles.

En 1997, Olivier Peyon réalisait Jingle Bells, film joyeux et plein de péripéties. À tes amours, construit uniquement sur un dialogue, est en contraste surprenant et moins léger qu’il en a l'air au premier abord. L’histoire en elle-même est simple : c’est l’été, une sœur et son petit frère se promènent dans la forêt en discutant de choses et d’autres ; poussé par la curiosité de la jeune femme, le frère finit par donner à contrecœur le nom de la fille qu’il aime, Céleste. La sœur veut l’aider, comme elle le dit. Ils répètent alors ensemble la déclaration qu’il devra faire à son amoureuse, dans un paysage vaste et calme le long de la Loire.

Ce paysage accompagne le changement de ton et de rythme qui arrive peu à peu et qui vient ébranler la simplicité première de la discussion. Alors que le frère garde un temps ses manières farouches donnant l’impression qu’il agresse la jeune fille à laquelle il s’adresse en imagination, il se libère enfin et oublie les “je t’aime” sans émotions des essais précédents. Commence alors non plus un dialogue fait de questions enjouées et de réponses gênées, mais un monologue qui dure, et qui aurait même pu durer plus longtemps encore. Et c'est par là que vient l’émotion, pas seulement celle du spectateur, mais aussi celle de la sœur, qui a les larmes aux yeux alors que la caméra s’approche d’elle lentement.

Le film pourrait se terminer ainsi, passant de la légèreté au sérieux, sans plus de taquineries d’une grande sœur à son frère. Une nouvelle rupture de ton survient pourtant, laissant le spectateur troublé, et donnant aux larmes de la jeune femme un sens énigmatique, auquel peut-être le titre seulement répond. Ce qui commençait alors comme une histoire d'été devient automnale, l'image même paraissant s’assombrir finalement.

Léocadie Handke

Réalisation : Olivier Peyon. Scénario : Olivier Peyon et Cyril Brody. Image : Christophe Boyer. Montage : Joëlle Dufour. Son : Yves Comeliau, Pierre André et Nathalie Vidal. Interprétation : Jocelyne Desverchère et Guillaume Barbot. Production : Athénaïse.