Extrait
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La vita nuova

Arthur Sevestre

2022 - 4 minutes

France - Animation

Production : La Poudrière - École du Film d’Animation

synopsis

Au cœur d’une capitale survoltée, Freddie et Daniel vivent un bref instant d’intimité.

Arthur Sevestre

Né en 1996, Arthur Sevestre est un jeune illustrateur vivant et travaillant à Paris. Après avoir commencé des études de cinéma à l'université Paris 3, il est passé par l'Atelier de Sèvres, puis La Poudrière, école du cinéma d'animation, à Valence, et navigue entre illustration, BD et cinéma d'animation.

Il a réalisé plusieurs courts métrages au fil de son cursus, notamment Mon offre personnalisée, film d'une minute se déroulant dans les rayons d'un supermarché, en première année. En 2022, son exercice de deuxième année, Qui a fait ça ?, a participé au concours “Les Espoirs de l'animation”.

 Son film de fin d'études, La vita nuova, a été particulièrement remarqué, recevant entre autres une mention spéciale pour un court métrage étudiant au Festival national du film d’animation de Rennes en 2023.

Critique

Au départ d’une île, sous un ciel étoilé, un couple se fait des adieux avec une grande tendresse. Mais ce n’est pas ce que raconte La vita nuova, car l’on découvre très vite un spectateur inconsolable frappé par les rayons d’une réalité bien moins romanesque. Alors qu’il déambule tristement, l’affiche du multiplexe narguant la foule, les véhicules comme les habitants s’articulent autour de lui de façon géométrique et glissent sur le sol, tels des automates, en une danse robotique. Chaque piéton, suspendu à son téléphone, est une réplique conforme de son voisin, de l’expression solennelle au costume sombre. En tout point le jeune homme se démarque. D’abord par sa tenue décontractée de couleur vive, puis par ses gestes et déplacements, toujours dans le contre-courant de ses semblables, et enfin dans ses émotions qui s’expriment librement au gré de ses humeurs. 

Dans cette véritable jungle urbaine aux couleurs tropicales, on croirait bien voir se dresser des palmiers et des fleurs exotiques imbriqués dans les façades qui, en plus pastel, rappellent les machines de Fernand Léger. Arthur Sevestre convoque ici une animation un peu fabuleuse mise au service de l’ambiance à la fois radieuse et oppressante de sa cité fourmillante. Soudain, une bousculade. Un regard, une étincelle, un peu de considération sincère. Un temps comme suspendu dans cet échange bref entre deux âmes et pourtant plus que signifiant. Ce n’est plus dès lors le grondement citadin qui résonne à nos oreilles, mais bien le cœur du jeune homme, qui dans le sursaut du coup de foudre et après quelques hésitations, se lance à sa poursuite de son bienfaiteur. Ce petit voyage bigarré au cœur de masses humaines cette fois statiques, dont l’élan romantique et enflammé compose une sorte de Où est Charlie grandeur nature, alterne les perspectives et les champs de vision autour d’un personnage devenu acteur de sa propre fortune, qui ne subit plus le mouvement de ses pairs. Il est de ces rêveurs, de ces penseurs exaltés qui savent encore y croire. 

La vita nuova raconte la frénésie et l’immensité de ces grandes métropoles, leur train train rigide et planifié, leur routine endiablée où se convoitent poésie, douceur et chaleur d’une étreinte, mais surtout leur solitude. Une solitude notamment évoquée chez Klapisch dans Deux moi ou même Paris à l’ère du numérique et de ses (prétendues) divines idylles, ce désir légitime d’aimer et d’être aimé. Seul dans les rues vides après son échec, le jeune homme retrouve sa mélancolie. On est déçu, on en veut plus, au fond, de ces rencontres naissantes et de ces belles histoires qui défilent sur nos écrans. Mais si le rideau s’abaisse comme il s’est levé, sous les étoiles, se dessine à nouveau l’espoir que le monde ne soit pas si vaste, tandis que l’inconnu s’éloigne à nouveau derrière les vitres d’un bus, laissant derrière lui les bribes d’un cœur réchauffé. 

Marie Labalette

Réalisation et scénario : Arthur Sevestre. Animation : Arthur Sevestre, Sylvain De Sallier. Montage : Catherine Aladenise. Son : Jean-Baptiste Cornier, Miroslav Pilon et Pierre Sauze. Musique originale : Alexis Pecharman. Voix : Pascal Césari et Victor Bratovic. Production : La Poudrière - École du Film d'Animation.

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